Une femme élégante
Datte: 18/01/2022,
Catégories:
fh,
campagne,
Collègues / Travail
amour,
caresses,
pénétratio,
fsodo,
nostalgie,
rencontre,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
Dans le monde sans pitié des affaires, il n’y a pas que des « tueurs ». Avec Stéphane, nous trouvions d’ailleurs regrettable ce langage tenu par nos jeunes collègues tout droit issus des écoles de commerce. Pire, les plus frais émoulus de ces institutions disaient même « killers », comme si l’anglais rendait le concept plus rassurant. En ce qui nous concernait, nous n’avions personne à tuer, mais des produits à vendre. Si nos produits étaient meilleurs que ceux de la concurrence, alors on gagnait des parts de marché, un point c’est tout. Notre force reposait sur notre sincérité, notre clarté, le suivi de nos clients et la disponibilité que nous leur offrions. Les farfelus qui promettaient monts et merveilles pour placer leurs produits et qui étaient ensuite aux abonnés absents, écumant une région zone par zone en laissant derrière eux une pauvre secrétaire mal formée se débattre avec les questions et récriminations. Ceux-là arrivaient à « faire du chiffre » pendant un temps, puis le chiffre s’effondrait sans qu’ils comprennent vraiment pourquoi. Ils n’avaient plus qu’à déménager et recommencer ailleurs leur cinéma.
Nous étions implantés en zone rurale, là où on ne triche pas, du moins pas longtemps, et où la confiance ne peut être trahie. C’est du travail, de la patience, mais au bout du compte on est récompensé. Nos aires de prospection représentaient à peu près deux départements chacun, et nous avions une réussite tout à fait similaire : des résultats constants dans la ...
... durée, en évolution lente, mais sûre, sans à-coups ni dans un sens ni dans l’autre. J’aimais bien travailler avec Stéphane, échanger avec lui. Nous ne nous cachions rien de nos pratiques, et bâtissions ensemble nos stratégies, avec les nouveaux produits notamment. Évidemment, ça n’était pas très bien vu par les dirigeants du groupe qui prônaient plutôt ce qu’ils appelaient « l’émulation » entre les agences, censées nous stimuler. Un peu « vieux de la vieille », nous nous asseyions sur ce genre de propos et menions nos affaires à notre convenance et en toute amitié. Nous allions ensemble aux « grand-messes » régionales, deux fois par an en janvier et juillet, comme à la grand-messe nationale qui changeait de lieu chaque année et se tenait généralement en septembre.
Et puis il y avait ces week-ends de travail, où nous mélangions discussions d’affaires et détente, chez lui ou chez moi, mais plus souvent chez lui. J’étais divorcé et vivais seul, lui était en couple avec Claire, dont il avait fait également sa principale collaboratrice. Claire était une dame. Grande femme blonde de type nordique, très athlétique, elle avait des épaules carrées et un corps musclé, épais, mais sans graisse excessive, je l’avais fréquemment vue en maillot de bain au bord de leur piscine. Une belle plante. Portant toujours le même chignon, qui était un savant enroulement vertical des cheveux à l’arrière de la tête, c’était une femme élégante, discrète et calme. Elle apportait l’équilibre à Stéphane, ...