Vengeances - Histoires de Sexe

Vengeances

... nous, en espérant que cela l’adoucira.
— Déjà d’avoir croisé la route d’une personne comme que vous, en atténue grandement la grisaille, car j’ai peu rencontré femme et même homme ayant telle force de caractère, courage, sens l’honneur et du devoir.
— Monsieur vous me flattez. Tout cela n’est pas si rare.
— Peut-être, mais peu aurait entrepris ce que vous entreprîtes et fait ce que vous fîtes.
— Ce que fis ! Il n’y a pas toujours de quoi pavoiser.
— Que voulez-vous dire ?
— Avez-vous oublié ce que j’ai fait pour demeurer au camp sans éveiller les soupçons ?
— Vous faire passer pour une prostituée.
— Croyez-vous que j’aurais amassé le nombre respectable d’écus que j’ai amassé en me faisant simplement passer ? Savez-vous le surnom que j’avais gagné en me faisant passer ? Non ? Catherine Chrysostome. Sauf à considérer que bien sucer soit un art et un acte de courage, je pense qu’il n’y a là rien qui doit être gravé au fronton d’un arc de triomphe.
— Faire des choses qui vous contrepèse* par devoir est une forme de courage.
— Croyez-vous que lorsque je narrerai cela à un éventuel mari, il y verra du courage ? D’après vous quelle sera sa réaction quand il apprendra que sa future a été forcée par neuf soudards, qu’elle a poupé* des hommes par douzaines. Tant qu’elle n’en sait même pas le nombre exact.
— Je ne dis pas que cela le ravirait, mais s’il deux sous de bonne foi et de jugeote, il verrait au-delà de tout cela la personne que vous êtes, frappée par le sort et qui ...

... ne veut pas que subir.
— Connaissant mes contemporains, il ne doit pas courir les rues cet homme dont vous me parlez. Mais brisons là, ce sujet n’est de ceux dont je préfère m’entretenir, même si c’est avec un gentilhomme.

De fait, laissant ces sujets délicats, les discussions s’orientent, vers la musique, la littérature, l’art, la politique et même la stratégie et la tactique. Pour dire vrai, ces dernières ont l’air de plus intéresser le lieutenant de Révilly que le colonel de Calbray.

Après un voyage à petites étapes, la troupe arrive à Ressaville. À son arrivée en fin de journée, il est annoncé à Mademoiselle de Révilly que Sa Majesté souhaite qu’elle se tienne dans la grande galerie à midi.

Aucune instruction n’ayant été donnée, Catherine décide se rendre à l’invite du Roi en uniforme. Il se murmure sur son passage. Elle n’en a cure. Elle se tient droite, à la place que lui a indiquée le premier valet de chambre, ignorant les regards curieux, interrogatifs et même inquisiteurs qui lui sont jetés par les courtisans. Elle aperçoit ses compagnes de captivité, mais ne peut aller les saluer, car le bruissement des conversations cesse. La foule s’ouvre pour laisser passer le Roi. Quand il arrive au niveau de Catherine, il s’arrête. Elle ne fait la révérence, mais s’incline respectueusement à la manière des militaires.

— Mademoiselle de Révilly, nous sommes aises de vous revoir, vous avez donné quelques inquiétudes. Mais je suis étonné de votre tenue.

Catherine ...