Les vieilles dames - Histoires de Sexe

Les vieilles dames

... vitres. Je laisse bien faire ces fées du logis. La langue me tape trop, je leur demande :

— M’man, Tata, êtes-vous aussi bonnes libertines que ménagères ?

Si je ne prends pas un seau d’eau par la tête, c’est que nous sommes à l’intérieur.

À 1 heure de l’après-midi, le plus gros de la peinture est fini, nous pourrons mettre les meubles en place après le barbecue. La viande grésille, le melon fait envie, la salade de tomates nous rafraîchit le palais. Et tout le monde y va de ses idées à aménager l’extérieur comme l’intérieur. Pa me dit qu’il posera les tringles à rideaux samedi.

Et nous revoilà tous les deux face à notre destin.

Je devrais parler de frigo, de linge, de machine à laver, non :

— Où met-on la barre de pôle ?

Au lieu de me répondre, Al me tire pour me montrer des crochets vissés dans une poutre en bois du plafond à la française.

— Lève et écarte les bras.

J’obéis. Il prend la mesure pour les chaînes. Nous calculons enfin où poser la barre. Nous ouvrons les buffets, du vide sur les trois étagères. Force est de constater qu’à part balais, serpillières et pinceaux, on est cul nu. Al prend un couteau :

— Caro, tu sais ce qu’un garçon dit dans ces cas-là ? Du moment qu’il a sa bite et son couteau, il est sauvé.

La vie à deux nous apprend des choses.

Le lundi, Al part au boulot. Après le passage du menuisier matelassier qui jure que mardi prochain, ce sera fait, direction l’épicerie-café-tabac-pain du village pour les courses et ...

... faire comprendre que les nouveaux venus s’intéressent à la vie du village. La supérette s’appelle « Chez Monique » donc Monique me suit du coin de l’œil. Elle doit faire la synthèse des on-dit. Les autres clientes aussi. Le chariot bien plein, à la caisse, elle rigole :

— Venez tous les matins ! Vous allez dire que je suis curieuse, c’est vous qui habitez l’ancienne maison de maître ?
— Oui. On emménage, les placards sont vides. Vous, c’est Monique, moi, c’est Caroline.

Notre discussion très banale est très écoutée par les oreilles présentes. Je ne lâche qu’une info, j’ai un fiancé. Monique rétorque qu’il y a tout ce qu’il faut pour se marier ici, le maire, le curé, je dis que pourquoi pas. Elle me tirera les vers du nez à chacune de mes visites. J’ai compris que nous allons être ceux qui habitent l’ancienne maison de maître. La maison en elle-même a toujours une influence sur les villageois.

Je ne chôme pas. L’aprèm, retour à la maison pour embarquer mes affaires. Maman se moque :

— Le lit est confortable…
— C’est recommandé de dormir sur du dur. Tu vas faire quoi de ma chambre ?
— Ma chambre. Avec ton père, nous avons décidé de suivre ton exemple. En vieillissant, on apprécie l’espace pour dormir. T’enlèveras tes posters que je mette les miens.

Quelques cartons plus tard, le moment redouté est là. Maman cachant son émotion me prend dans ses bras.

— L’oiseau s’envole du nid, bonne chance, ma chérie.
— M’man, ça me plaît de me lancer dans une aventure pas du ...