Ardente Afrique
Datte: 23/09/2021,
Catégories:
couleurs,
cérébral,
Voyeur / Exhib / Nudisme
confession,
initiatiq,
Auteur: Elodie S, Source: Revebebe
... répond pas. Au bout d’un bon kilomètre, il s’arrête dans une grosse touffe de jonc pour reprendre son souffle et me dépose au sol.
— Mais que se passe-t-il ?
— Les milices Seleta ! Elles ont envahi le village à ta recherche. Elles demandent à tous où est ta case…
— Mais pourquoi moi ? Je ne leur ai rien fait !
— Parce que tu es une femme blanche. Le fantasme inaccessible de la plupart d’entre eux. Tu ferais bel effet dans leur harem. Parce que, Française, tu as une valeur importante en cas de rançon. Et enfin, parce que tu leur servirais de haut-parleur auprès de tous les médias occidentaux pour porter leurs revendications politiques. Je soupçonne Habib, le sorcier, de t’avoir dénoncée. Ils estiment que tu portes ombrage à ses activités. En plus, il a très mal vécu le fait que ce soit toi qui me soignes et la cérémonie du boubou pour te récompenser.
Je tremble en écoutant ses propos. Il se relève, scrute la savane du regard et me houspille pour que je me mette debout et me remette en route. Je n’arrive pas à le suivre, il va trop vite. Alors, il me reprend sur ses épaules et repart en marche forcée. Je me demande à qui je dois ressembler, pliée ainsi sur ses épaules, le cul à découvert. Il ne semble pas gêné des 50 kg qu’il transporte ; son pas est sûr, déterminé. Il fait des haltes fréquentes, il observe, il écoute. Puis il repart, indifférent au fardeau que je suis. Je réalise que nous suivons la rivière, que par moment, il faut grimper une pente. L’éboulis que ...
... nous traversons me rappelle des souvenirs. Je sais maintenant où il veut me cacher : dans notre baignoire, là où nous étions venus avec Faty et Amos.
Nous retrouvons notre grotte cachée par la cascade, ses peintures naïves, la baignoire de granit à l’eau si fraîche. Mais, cette fois, je n’ai en tout et pour tout que mes chaussures et un t-shirt qui ne cache rien, et mon homme son couteau et son short. Il me dépose délicatement sur le sol, et m’intime :
— Ne bouge surtout pas, je reviens bientôt.
En fait, j’attends plusieurs heures sans oser sortir de ma tanière, de peur d’être découverte par les terroristes. Là même où nous avons fait l’amour pour la première fois, là même où, comblée, je me suis endormie le gardant dans mon ventre. Je ne peux même pas me baigner, me réchauffer aux rayons du soleil ; un bruit me fait sursauter. Il est enfin de retour, alors que le jour décline. J’ai faim, je le lui dis. Nous sortons de notre caverne, il m’installe sur la grande pierre plate où il m’avait regardée la première fois, étendue nue, à moitié endormie. Il taille un bâton, l’aiguise et avance silencieusement, le long de l’onde. Je ne peux m’empêcher d’admirer la virilité dégagée par son corps, l’impression de force et de protection qui émane de sa posture figée à l’affût d’un poisson. En un éclair, il lâche son trait, et le plus souvent, celui s’agite sous les mouvements désordonnés d’un poisson transpercé. Lorsqu’il juge sa pêche suffisante, il revient vers moi, va cueillir ...