Ardente Afrique
Datte: 23/09/2021,
Catégories:
couleurs,
cérébral,
Voyeur / Exhib / Nudisme
confession,
initiatiq,
Auteur: Elodie S, Source: Revebebe
... prospères et concocte des potions pour donner à ses ouailles force, virilité et fertilité. Je me dis dans un coin de ma tête que, finalement, son épouse fait son service après-vente !
Il nous invite à entrer dans sa case. Celle-ci est sombre. L’odeur qui y règne est irrespirable, lui aussi fait mijoter des conserves sur des foyers qui enfument le local. Aux murs, je distingue toute une série d’objets bizarres, amulettes de plume, d’os, de bois, peaux de serpents et d’antilopes. Il nous verse dans un gobelet sale la « potion qui rend les hommes fous de celles qui la boivent ». D’une pression sur le bras, Faty me fait comprendre d’en boire le moins possible. C’est une soupe âcre, je n’en prends qu’une gorgée, tout comme elle. Habib porte ses mains sur mes épaules, se lance, les yeux fermés, dans d’étranges incantations. Puis il me dit :
— Toi, tu trouveras ici un homme puissant et fertile qui te rendra heureuse.
Peu rassurées sur cet horoscope, nous quittons la case du sorcier. L’air frais nous fait du bien. Ma nouvelle amie me suggère de rencontrer cet après-midi le pasteur qui est de passage puis Amos, son patron, l’instituteur. J’accepte avec enthousiasme, je vais connaître ceux qui comptent à Ouda !
Le pasteur est un métis qui vient, une fois par mois, de Ndele pour assurer le salut de ses fidèles. Il se montre intéressé par les objectifs de ma mission, mais ne cache pas son scepticisme quant à ses résultats. Il m’explique que la christianisation de la ...
... province est relativement récente, que l’islam a été présent pendant plusieurs siècles par le biais d’invasions répétées et que, finalement, les populations sont surtout empreintes de croyances diverses d’origine animiste. Il me dit que l’arrivée des multinationales pour le pétrole et le diamant a déséquilibré les racines rurales des habitants sans même apporter une amélioration notable des niveaux de vie. Par ailleurs, si la femme centrafricaine fait bouillir la marmite, le comportement des hommes est profondément machiste, le sexe opposé étant souvent considéré comme une marchandise quelconque. Je sors un peu désabusée de cet entretien.
Le contact avec l’instituteur, le patron de Faty, est beaucoup plus facile. Amos est arrivé de Bangui il y a trois ans. C’est un bel homme dans la quarantaine, à la barbe fournie, aux yeux perçants encadrés de grosses lunettes d’écaille. Il m’explique que, normalement, les enfants doivent être scolarisés entre huit et seize ans, mais que, dans les faits, il n’a qu’un petit tiers des écoliers potentiels, les plus jeunes gardant le bétail, les autres allant tenter leur chance en ville ou à la mine. Certains parents analphabètes ne scolarisent pas leurs enfants. Cela lui fait quand même cent vingt élèves environ. L’école n’est ouverte que le matin. Faty s’occupe des huit/dix ans, il se charge des plus âgés. Il reconnaît avoir bien peu de temps pour s’occuper individuellement de chacun.
Les matières principales sont le français (orthographe, ...