1. Ardente Afrique


    Datte: 23/09/2021, Catégories: couleurs, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme confession, initiatiq, Auteur: Elodie S, Source: Revebebe

    ... Elle fait « disparaître » le futur bébé. Parfois, la maman ne survit pas. Les autres, elles quittent le village. Elles aussi vont près de la mine de diamants, mais c’est pour y « soulager » les mineurs. Maya distribue aussi des potions qui, selon elle, empêcheraient les jeunes filles d’enfanter. Mais j’en connais plusieurs pour qui ça n’a pas marché.
    
    Je quitte Faty songeuse, après l’avoir remerciée de son accueil et de ses confidences. Elle m’annonce qu’elle me montrera demain la plantation du coton, car Amos, l’instituteur qu’elle seconde, lui a donné sa journée. Après avoir monté mon lit de camp, non sans difficulté, je m’endors d’un sommeil léger, peuplé de considérations sévères sur la condition des femmes à Daouda.
    
    De bon matin, nous nous mettons en marche le long de la piste défoncée. Des groupes marchent dans la même direction, armés de piquets et de masses ; Faty m’explique que la terre n’appartient à personne, tout le monde peut la cultiver. Mais, pour cela, il faut à chaque famille délimiter les contours de son champ à l’aide de pieux. C’est le travail des hommes. Nous voyons en effet des cultivateurs aux torses ruisselants de sueur s’acharner à grand coup de masse pour enfoncer des piquets dans la terre ocre. Leurs femmes et leurs enfants, agenouillés dans des herbes rases, arrachent à la main la végétation et la fourrent dans de grands sacs pour l’alimentation du bétail. Évidemment, les hommes ont assez vite fini et regardent en discutant entre eux et en ...
    ... buvant des bières leur famille s’activer. Là encore, ils ont le beau rôle. Ma correspondante m’explique que tout espace délimité doit être cultivé selon la coutume. Plus la famille compte de membres, plus la surface est étendue, car sa capacité de défrichement est plus grande ; le nombre de bouches à nourrir aussi !
    
    Sur le chemin du retour, Faty me propose de nous arrêter chez Habib et sa femme, Maya. Ils occupent une case un peu à l’extérieur du village. Sur le pas de la porte, accroupie devant un feu sur lequel mijotent une demi-douzaine de boîtes de conserve, une vieille femme nous regarde venir. Ses cheveux gris sale sont défrisés, et elle a d’étranges yeux pers. Elle nous salue en ronchonnant. Je me présente, lui explique ma mission et lui dit que j’aimerais bien discuter avec elle de son travail pour les jeunes femmes. Elle me rabroue. Visiblement, elle parle peu français, et Faty me suggère de lui soumettre les questions que je me pose, elle se charge personnellement de revenir les lui demander. Un homme, lui aussi âgé, sort à ce moment de la case. Je devine que c’est Habib, le sorcier. Voûté, chétif, il a des jambes décharnées et porte sur le torse une peau de bête rayée, du zèbre probablement. Il est plus volubile que son épouse, et m’explique que lui, il agit pour les hommes et leurs biens, laissant son épouse s’occuper des femmes. Il conseille Jean Bedel, lance les esprits contre les Moros (les musulmans, m’explique Faty), implore les dieux pour des récoltes ...
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