1. Le retour du printemps


    Datte: 31/07/2018, Catégories: fh, hplusag, voisins, Oral pénétratio, Humour occasion, Auteur: Annie-Aime, Source: Revebebe

    Qui suis-je ? Un vieux bouc. La vue d’une silhouette féminine m’émeut de manière éhontée. Je ne pensais pas que cela puisse encore m’arriver.
    
    Ne vous méprenez pas, j’ai eu mon heure autrefois, du vivant de ma femme, puis ma compagne aimée s’en est allée et je me suis éteint. Éteint, c’est le mot. J’ai négligé mes affaires et mes amis, préférant mener une existence solitaire ponctuée de visites sur la tombe de mon épouse trop tôt disparue. C’était hier, avant-hier ou il y a longtemps, je ne sais plus, en tout cas avant que ma fille ne me convainque de la rejoindre pour l’aider à s’occuper des gamines, mes petites filles Sandra et Manon son ainée.
    
    Ma fille Sophie est confrontée à la maladie du siècle. Elle divorce. Je suis avec elle pour l’aider à passer le cap difficile. Je m’occupe des fillettes, et la semaine je les conduis et les récupère à la maternelle. Par la même occasion, j’en fais autant pour Karine, la petite de la voisine. Un rehausseur de plus… Ne cherchez pas, je me remémore seulement le casse-tête pour caser les aménagements de sécurité sur la banquette arrière de ma bagnole.
    
    ooo000ooo
    
    Le retour de sève m’a pris par surprise, je ne l’ai pas vu venir. Comment pouvais-je imaginer ? Avant cette résurgence, mon abstinence ne me pesait pas. Je n’avais nulle envie, nul désir. Faut dire que les mémés que je connais en Auvergne n’ont pas trop ce qu’il faut pour susciter tant d’exaltation. De toute façon, je n’avais pas le nez tourné vers le marivaudage et ...
    ... j’aurais sans doute poursuivi une existence d’ermite émasculé si ma fille ne m’avait tiré de mon trou.
    
    Ma vie chez ma fille est radicalement différente. Au fil des jours, la pétulance citadine perfuse en moi un poison insidieux. D’abord je ne vois rien, je ne sens rien, puis je suis déjà hautement contaminé quand je m’avise qu’une fièvre inédite s’est emparée de mon esprit. Les lumières de la ville m’hypnotisent. Les magasins me fascinent. La foule m’étourdit. La jeunesse me réjouit. Les excentricités m’enchantent. Quant à l’école…
    
    Que dire de l’école ? J’y prends des habitudes. Les maîtresses me connaissent, les jeunes mamans me saluent, parlotent avec moi. Les papas aussi mais ceux-là sont plus rares. Ce bain de jouvence régale mon humeur. Je me surprends à espérer mes rendez-vous biquotidiens avec une impatience incongrue.
    
    Vous ne comprenez pas ? Allez donc à l’entrée des maternelles à l’heure de la rentrée des classes, ou à la sortie si ça vous chante, c’est pareil dans les deux cas : un festival. Le défilé ne dure pas longtemps mais il vaut le détour. Je n’ose pas écrire que chaque instant est un égal ravissement mais c’est presque ça. Rares sont les jeunes mamans qui n’ont pas un avantage à faire valoir. Si ce n’est l’élégance, c’est l’audace d’une coupe, la délicatesse d’un trait, la sensualité d’une courbe, la grâce d’un geste ou n’importe quoi qui porte attirance. Allez-y ! Allez sur le terrain, vous comprendrez ces mille choses qui me réjouissent. Ces mille ...
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