1. Tango Argentique


    Datte: 30/07/2018, Catégories: fh, volupté, Voyeur / Exhib / Nudisme photofilm, 69, fsodo, Auteur: Isilwen, Source: Revebebe

    ... l’impression que la beauté est une évidence.
    — Tu ne vas pas me faire croire que tu te trouves laid ?
    — Non, bien sûr. Je sais que j’ai du charme, mais comment te dire… Je ne sais pas si c’est ton talent, la présence de Marion, mais… Je ne me trouve pas beau habituellement. Je crois que c’est elle qui me rend beau. Tu comprends ?
    
    Thomas lui dit que même sans elle, il était très bien, mais Raphaël ne comprit pas le sous-entendu, tout absorbé par les photos. Il se déplaçait pas à pas, suivant les fils. Il mit le pied sur un papier.
    
    Le ramassant prestement, en pensant avoir marché sur une photo décrochée, il le retourna machinalement. Thomas intervint en lui disant que c’était une photo ratée. Trop tard, le gantier avait les yeux rivés sur les contrastes chromes. Thomas voulut lui prendre des mains, mais il ne céda pas.
    
    — Où est l’autre morceau ? demanda-t-il d’une voix faible
    — Écoute, laisse tomber, je n’aurais pas dû shooter ça.
    
    Thomas avait à peine fini sa phrase qu’il fut plaqué contre le mur par Raphaël.
    
    — Dieu sait que j’aurais aimé que tu me colles contre un mur, mais là, je préférerais que tu me lâches…
    — Où est l’autre moitié de cette photo ? siffla le jeune homme entre ses dents.
    
    Il plongea son regard furieux dans celui apeuré du photographe.
    
    — Je ne plaisante pas. File-moi cette photo ! Je la veux ! Tu entends ? File-moi cette putain de photo ! hurlait à présent Raphaël.
    
    Il était prêt à frapper, le poing levé, le visage déformé par la ...
    ... fureur.
    
    — Ok, ça va, calme-toi ! Elle a glissé sous la table.
    
    D’un bond, il fut à genoux, cherchant à tâtons la partie manquante. Il la trouva. Il y joint l’autre partie qu’il avait gardée à la main. La photographie tremblait, l’air se raréfiait brusquement, il y voyait mal, ce voile devant ses yeux le gênait. Et cette boule dans sa gorge. Et son estomac qui se serrait.
    
    — Elle est belle n’est-ce pas ? dit Thomas qui le regardait.
    
    Il ne répondit pas.
    
    — C’est ma préférée… ajouta-t-il en vain.
    
    Raphaël ne lui adressa pas la parole en se relevant. Il mit les deux moitiés dans la poche de son manteau et se dirigea vers la sortie. Il se retourna et considéra Thomas sans la moindre expression. Le photographe était devenu insignifiant face à son œuvre.
    
    Le froid fut comme une gifle. Il avait le feu aux joues. Après quelques centaines de mètres, il sut où il se trouvait. Il était à une bonne heure de marche de chez lui. Une heure… Dérisoire ! il avait besoin de bien plus pour comprendre, accepter, oublier cette image. Il avait vu le visage de Marion. Ses traits délicats, cette expression ! « Pourquoi ? ». Cette question ricochait contre les parois de sa boîte crânienne dans un bruit infernal.
    
    Les rues défilaient, la nuit s’épaississait et grandissait son envie. Il accéléra encore. Le trottoir lui renvoyait l’écho de ses pas, il courait à présent, son désir le faisait gémir de douleur. Il aurait voulu savoir crier.
    
    Le claquement de la porte de son atelier fut le ...
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