1. Résonance pour le vide


    Datte: 28/07/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... singulièrement.
    
    – Je vous écoute, répondit-il poliment.
    
    – Vous me traitez comme une idiote, et si j’ai l’air stupide et faible, je ne le suis aucunement, dit-elle sans une trace d’humour. Mais vous m’intriguez, allez savoir pourquoi, et c’est pour cette raison que je ne suis pas encore partie en claquant la porte. En plus, je tiens beaucoup à mon projet. Mais est-ce que je vous rappelle quelqu’un avec qui vous auriez eu des problèmes ?
    
    M. Tomaze parut déconcerté –une première !– et contempla le long visage de la jeune femme avec une pointe d’incrédulité. Comment cette fille fade et minuscule pourrait-elle avoir quoi que ce soit en commun avec quiconque de sa connaissance ? Et pourtant, à bien y réfléchir, il était vrai qu’elle le rendait nerveux. Inexplicablement.
    
    – Non, répondit-il avec précaution. Qu’est-ce qui vous a fait croire ça ?
    
    Elle battit nerveusement des paupières.
    
    – Je ne sais pas, admit-elle. Une intuition.
    
    – Comme quoi, l’intuition féminine n’est plus ce qu’elle était, railla légèrement l’homme.
    
    – Je vous propose un travail, reprit-elle en ignorant l’interruption. À ce qu’il me semble, vous vous faites payer pour ça, et je ne comprends pas pourquoi vous refusez de me prendre au sérieux,moi spécialement. Vous n’avez même pas entendu ce que j’avais à vous dire, sous prétexte que je suis jeune et que je n’ai pas selon vous les moyens de vous payer.
    
    – Je suis désolé, fit-il en ne le paraissant pas du tout. J’ai vu beaucoup de filles comme ...
    ... vous défiler dans ce bureau, depuis que je suis devenu une référence pour ce genre de choses. J’admets avoir des préjugés, mais croyez-moi, il en faut, et ils m’ont beaucoup servi jusqu’ici. Que me proposez-vous exactement ?
    
    Elle parut hésiter un bref instant, puis elle plongea la main sous ses jambes, et sortit de sous sa jupe une grande pochette de carton vert qu’elle avait apportée avec elle. M. Tomaze l’avait remarquée avant, mais n’avait rien dit, lui laissant le soin de s’expliquer.
    
    – Ce sont des photos, des peintures et des dessins, dit-elle gravement. Ils racontent une histoire, mais je précise que ce n’est pas la mienne. Quand j’ai entendu parler de vous, j’ai cru que cela pourrait vous intéresser. Ça fait longtemps que je suis sur ce projet.
    
    M. Tomaze sembla enthousiasmé, même s’il tenta de ne pas trop l’afficher.
    
    – Montrez, pour voir ?
    
    Elle lui tendit la pochette d’une main tremblante. Il lui lança un coup d’œil rapide, avant de reporter son attention sur la pochette. Il l’ouvrit, feuilleta les photos, s’attarda sur les dessins et les peintures explosant d’une multitude de couleurs. Absorbé par cette activité, il ne remarqua pas le regard triste de la jeune fille au visage d’endive.
    
    – D’habitude, je ne m’intéresse qu’aux histoires vécues, murmura M. Tomaze d’une voix distraite, continuant son examen. Mais j’avoue que votre proposition ne manque pas de charme. Tout cela sort-il de votre imagination ?
    
    – Oui, mentit-elle.
    
    – C’est vous qui avez ...
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