Résonance pour le vide
Datte: 28/07/2018,
Catégories:
nonéro,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
« Dans le silence et la solitude,On n’entend plus que l’essentiel. »
Camille Belguise,Échos du silence
L’homme était immense.
– Vous fumez ? demanda négligemment M. Tomaze.
Il enfonçait déjà une cigarette entre ses lèvres minces.
Elle le regarda attentivement, puis fit non de la tête.
– J’ai horreur de ça, ajouta-t-elle.
Il releva les yeux, fixa la jeune femme en face de lui d’un regard indéchiffrable, puis il ôta la cigarette de sa bouche et la remit dans son paquet. Avec une évidente mauvaise grâce.
Elle s’agita sur le fauteuil en cuir, et lança un regard circulaire sur la pièce où ils se trouvaient. Moquette beige, aucune poussière à l’horizon de sa surface immaculée. Immense baie vitrée à moitié dissimulée par d’épais rideaux verts. Bureau sombre en acajou, deux fauteuils, dont l’un où elle était assise.
Le cuir craquait au moindre de ses mouvements. Elle pinça les lèvres, et regarda à nouveau celui qui se faisait appeler « M. Tomaze ». Elle ne pouvait s’expliquer l’inquiétant malaise qu’elle ressentait face à cet homme. Peut-être était-ce dû au fait qu’elle ne s’était pas vraiment préparée à cette confrontation. Elle s’attendait à tout, sauf à ce type à l’allure baraquée de videur de nuit, et surtout à son indifférence.
La pièce était étouffante. Il faisait plus de trente-cinq degrés dehors –autant dire, la canicule – et pourtant, un coup d’œil sur ses bras nus lui apprit qu’elle avait la chair de poule.
– Vous n’avez pas la ...
... climatisation ? demanda-t-elle d’une voix légèrement enrouée.
– Non.
Les yeux plissés, il l’observa un long moment, ce qui redoubla le malaise de la jeune femme, et lui fit regretter sa question.
– Vous n’avez pas l’air d’avoir chaud, fit-il remarquer d’une voix plus douce que ne l’aurait laissé supposer l’expression de son visage.
Elle haussa les épaules.
Un court silence s’installa. Les rideaux étant tirés, seule une faible lumière en partie mangée par l’obscurité éclairait le bureau de M. Tomaze, et la jeune femme trouva cela fort pénible. Non seulement cela conférait à la rencontre une ambiance intime, mais en plus, elle distinguait mal les traits de l’homme debout –et immense – devant elle.
Comme lisant dans ses pensées, celui-ci se déplaça légèrement et s’assit sur le deuxième fauteuil qui lui faisait face. Elle retint un sursaut quand elle réalisa qu’il avait ses
yeux directement posés dans les siens. Elle n’y avait pas pris garde, tout occupée à ses pensées.
– Pourquoi me demandez-vous de faire ça ? fit-il de sa même voix douce.
Un instant décontenancée, elle se demanda s’il parlait de la climatisation, avant de s’apercevoir qu’il avait en fait repris la vague conversation qu’ils avaient eue au téléphone, là où elle en était restée. Elle grimaça presque sans s’en rendre compte.
– Je vous prie de ne pas prendre ce ton paternaliste avec moi ! s’irrita-t-elle d’une voix sèche. Qu’est-ce que ça peut vous faire, de toute façon ?
Loin de s’offusquer de ...