Résonance pour le vide
Datte: 28/07/2018,
Catégories:
nonéro,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... répondu Liana.
Par la suite, elle avait aussi appris qu’il avait lui-même choisi de se faire baptiser « Monsieur Tomaze » par les médias, et aussi dans sa vie publique. Il refusait opiniâtrement de communiquer ses vrais nom et prénom, afin que personne ne retrouve sa trace dans les papiers administratifs.
Et surtout que personne ne le reconnaisse, avait songé à part soi Liana.
Cet homme n’avait donc pas de prénom, pas de nom, et par conséquent, pas de passé. Pas d’attaches, semblait-il. Il avait commencé à devenir connu cinq ans auparavant. Quel âge avait-il ? Qu’avait-il fait jusque-là ? Flora l’ignorait, et sans doute, tout le monde devait l’ignorer. Liana s’était sentie attirée par ce mystère en même temps que prenait forme, en elle, une singulière pensée. Rencontrer cet homme, lui soumettre ses dessins, et peu à peu, l’interroger. Quelqu’un, quelque part, devait bien le connaître. Il suffirait peut-être de montrer sa photo à plusieurs personnes : en effet, il refusait également qu’on publie des photos de lui. L’écrivain semblait être aussi anonyme que les héros de ses romans.
Cette idée ne l’avait plus quittée depuis lors. Cependant, elle avait peu à peu renoncé à s’immiscer dans la vie de ce M. Tomaze, pour ne retenir de ce projet que la persistante obsession de faire paraître un livre racontant ses dessins.
Et voici qu’elle avait conversé avec une secrétaire, qui ne lui avait même pas demandé son nom avant de lui passer son patron. Ils avaient convenu ...
... d’un rendez-vous deux semaines après. Toujours sans lui demander quoi que ce soit, ni son nom, ni ce qui l’amenait précisément chez lui. Tout devait être si évident pour eux ! Liana n’était qu’une « cliente » de plus. Cette pensée lui avait fait un choc, et Liana avait plusieurs fois pris le téléphone pour décommander le rendez-vous, avant de se raviser, et de n’en rien faire. Elle ignorait encore ce qui lui avait pris quand elle avait téléphoné à cet homme. Et elle ignorait, de la même façon, ce qui lui avait pris lorsque ses pas, tout naturellement, l’avaient portée jusqu’à son bureau, le jour dit.
Seule sur son banc, Liana se souvenait et réfléchissait tout à la fois. Elle regrettait plus que tout d’avoir laissé sa pochette chez lui. Elle ne savait rien de lui, et ne lui accordait aucune confiance. Elle avait travaillé dur pour réaliser ces dessins ! Ils étaient le fruit d’une longue période de réflexion et de chagrin, qui avait pris fin assez récemment.
À cette pensée, Liana cessa alors de remuer ses souvenirs, et, les yeux clos, se laissa bercer un moment par le bruit de la circulation du boulevard ; et au-dessus d’elle, celui du vent dans les arbres. Une étrange sensation, pesante et douloureuse, montait dans son âme.
Pourquoi pleut-il toujours sur moi ? se demanda-t-elle soudain, traversée d’un sentiment d’horreur et de détresse aussi brutal qu’intense. À nouveau, les larmes brûlaient ses yeux.
Peu à peu, au fil des mois, elle avait retrouvé une certaine ...