1. Résonance pour le vide


    Datte: 28/07/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... personnelle de M. Tomaze), des courriers de fans, d’injures, ou de propagande publicitaire. Et aussi les enveloppes dites « suspectes ». Cette enveloppe-ci était suspecte, mais elle ne l’avait pas classée comme telle. L’homme hésita, puis finit par la décacheter. Il en tira une simple feuille de papier d’écolier, avec des lignes bleues et une marge rouge. Il la déplia, et reçut un coup à la poitrine en en lisant le contenu.
    
    Apparaissait ainsi ce texte, rédigé à l’ordinateur, en lettres majuscules :
    
    Bon Dieu, jura intérieurement M. Tomaze.
    
    Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?
    
    La chaleur de ce début d’après-midi était abrutissante. Comme dans un état second, Liana marchait dans la rue. Elle ne voyait pas les gens qu’elle croisait, qu’elle heurtait même, parfois ; elle ne voyait rien. Vaguement, elle se disait qu’elle avait chaud, et la seconde d’après, elle tremblait de tous ses membres.
    
    Je suis fatiguée, pensa-t-elle au bout d’un moment.
    
    Elle jeta un regard autour d’elle, remarquant pour la première fois où elle se trouvait. Elle était dans la grande avenue, celle qui longeait le Consulat du Portugal et l’hôpital pour enfants de la ville. Elle avisa un banc vide au milieu de l’avenue, sur la promenade dite « du marché fleuri », car chaque mercredi, cette bande de trottoir, bordée d’arbres, large de plusieurs dizaines de mètres, accueillait les tentes, les parfums, et les couleurs éclatantes, des marchands de fleurs. Aujourd’hui, elle était calme, seuls ...
    ... quelques promeneurs y passaient, la démarche flegmatique. Liana traversa la rue et se laissa presque tomber sur le banc qu’elle avait repéré.
    
    Un grand froid envahissait son cerveau et son corps. Malgré la température élevée de ce début juillet, elle frissonnait. Elle ne pensait à rien, les yeux dans le vague. Puis soudain, un labrador attira son attention. Il avait une superbe fourrure noire et brillante, où les rayons du soleil, pénétrant les feuilles des ormes, plus haut, se glissaient et ondulaient au rythme languissant de l’avancée du chien. Liana le contempla longtemps, sans s’intéresser à son maître. Une autre pensée vint alors la troubler, et elle songea aux cheveux noirs de M. Tomaze. Le froid s’intensifia dans ses membres, aussitôt suivi d’une vague de chaleur brûlante qui ne laissait rien présager de bon. Elle posa une main chancelante sur son front, le trouva tiède et normal, puis appuya cette main sur ses yeux et resta ainsi, immobile sur le banc, à l’abri de la lumière. Un goût âcre de larmes persistait dans sa bouche, et elle lutta pour ne pas céder à ce flot d’angoisse qui lui tordait les entrailles.
    
    Elle n’était pas guérie. Malgré tous ses efforts, elle n’allait pas mieux, et cette certitude la désespérait. Elle y avait cru de toutes ses forces…
    
    Elle aurait voulu s’arracher le cœur, et le tenir là, devant elle, bavant son sang écarlate et sa vie. Elle avait mal et elle ne pouvait rien faire contre ça. C’est ce cœur qui avait mal, ce cœur qui l’avait ...
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