1. Le ridodo


    Datte: 18/07/2018, Catégories: fh, hplusag, vacances, amour, cérébral, noculotte, Oral coupfoudr, Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe

    ... pouvait se ranger de mon côté ni supporter très longtemps l’ambiance délétère qui s’installait. J’ai donc eu droit à un licenciement éco, avec primes et tout le toutim, plus un contrat de prestataire : Tonton Paul adorait trop mes rendus photographiques ! Merci Harold !
    
    De là, j’ai réorganisé ma vie. Travail à la maison, Hugo avec moi ou chez la nounou, les courses, téloche, dodo. La vie quoi ! Le train-train… Je m’assumais tant bien que mal.
    
    Mal surtout !
    
    Trop mal !
    
    J’ai tenu un bon mois !
    
    Non, en fait, un tout, tout petit mois après mon licenciement.
    
    Et j’ai craqué.
    
    Pas facile pourtant de surmonter mes scrupules, mes peurs, mes angoisses.
    
    Surtout mes angoisses.
    
    Et aussi mes peurs.
    
    Et aussi mes scrupules !
    
    **********
    
    Notre mariage a été célébré le 6 février de l’année suivante.
    
    Un mariage blanc.
    
    Blanc comme ma robe, plus robe de cocktail que robe de mariée. Un brin sexy d’ailleurs.
    
    Blanc comme le smoking d’Hugo, trop chou, trop classe.
    
    Blanc comme la neige qui s’est mise à tomber pendant la cérémonie à la mairie.
    
    Les mois qui ont suivi ont été un véritable rêve. La journée, je travaillais sur mon ordi avec mes super programmes top class, Harold s’occupait d’Hugo. Le soir, nous nous retrouvions tous les trois, un court moment jusqu’au coucher d’Hugo. Ensuite, nous n’étions plus que deux…
    
    Dès la mi-décembre, après que j’ai débarqué avec armes et bagages, et mon adorable mouflet, Harold avait reconnu Hugo. Une chance ...
    ... finalement que l’autre nase ne l’ait jamais fait !
    
    J’avais donc quitté Paris pour l’Alsace ! L’Alsace ! Autant dire la Sibérie à mes yeux, moi qui ne connaissais rien de ce paradis ! J’ai été gâtée d’ailleurs en débarquant en plein hiver : rien que la féerie du Marché de Noël, c’est déjà les portes du paradis. Et dès le printemps, j’ai compris tous les atouts, tous les trésors et l’extraordinaire qualité de vie de cette région bénie des dieux.
    
    Le jardin d’éden ! Un rêve…
    
    Un rêve absolu… jusqu’à l’automne…
    
    **********
    
    Il fait grand soleil ce matin quand je quitte l’hôtel. L’alarme ceinture braille dans l’habitacle, dès les premiers tours de roue. C’est à cause du coffret, en bois de rose, sur le siège passager. Mais je ne vais quand même pas le mettre sur le tapis de sol ou dans le coffre !
    
    Je boucle la ceinture passager, l’alarme se tait.
    
    Silence.
    
    J’atteins très vite l’autoroute. D’habitude, je peste contre ses saletés d’autoroutes suisses, limitées à 110 et toujours en travaux !
    
    Mais pas ce matin. Je ne suis pas pressée.
    
    J’ai passé la Tesla en mode autonome. Je ne le fais jamais, mais aujourd’hui je ne suis pas sûre d’être suffisamment attentive pour conduire. Et ma vision est brouillée, par mes larmes.
    
    L’autoroute déroule son ruban d’asphalte, monotone, sans que je prête attention à la circulation. Encore moins au paysage.
    
    Je flotte, entre deux eaux. Pas les eaux chaudes d’un lagon paradisiaque, mais celles, sombres, noires, glacées d’un canal ...