1. Prison pour femmes, passions inavouables


    Datte: 28/01/2018, Catégories: ff, ecriv_c, Auteur: Nicky Gloria, Source: Revebebe

    ... d’un débardeur vert, elle arborait une allure à la fois gauche et garçonne qui rehaussait sa beauté naturelle, spontanée, sans artifice. Elle avait un regard direct et sincère qui inspirait d’emblée la sympathie. Malgré ses efforts pour paraître décontractée, elle se sentait malgré tout mal à l’aise en compagnie de Jean-Louis Bernier, milliardaire et propriétaire d’une chaîne de Casino sur la Côte d’Azur. Colonel à la retraite, il était également l’heureux possesseur d’une des plus belles collections d’anciennes voitures de luxe, ce qui lui permettait de rafler tous les prix.
    
    L’origine de la fortune de cet ancien officier dépassait l’entendement et demeurait un mystère, alimentant tous les ragots : les moins envieux parlaient d’un héritage colossal, les autres de magouilles peu scrupuleuses. Peu importe, le résultat final était là, le propulsant dans la cour des grands et des puissants. Kate, issue d’une famille ouvrière, demeurait facilement impressionnée devant une telle débauche de signes extérieurs de richesse, et tous les efforts d’Hélène pour l’intégrer dans leur cocon familial ne pouvaient rien y changer. D’emblée, cette dernière l’avait appréciée et accueillie à bras ouverts, maternelle et chaleureuse, faisant tout pour la mettre en confiance. Ce qui n’était pas le cas de son misogyne de mari. Celui-ci s’était montré durant tout le voyage ironique et condescendant, ne cessant de la piquer pour lui montrer qu’elle ne serait jamais à sa place parmi eux. C’était un ...
    ... despote autoritaire et borné, intransigeant, incarnant fermement les valeurs et la morale d’une noblesse qui tient à ses prérogatives. C’est de son air éternellement bougon qu’il s’adressa à Kate :
    
    — Ces femmes ne cessent de vous prodiguer mille louanges, ma fille ! Je ne sais pas si vous en êtes vraiment digne car, si vous étiez si parfaite que ça, il y a longtemps qu’un homme vous aurait mis le grappin dessus !
    
    Kate, prise au dépourvu, se mit à rougir.
    
    — Je n’ai pas encore rencontré l’homme de ma vie.
    — Que d’exigences ! À trop en vouloir, on peut finir sa vie seule et aigrie… N’importe quel homme ferait l’affaire pour vous rendre heureuse, tant qu’il vous fait des enfants, vous achète la maison de vos rêves et subvient à vos besoins. N’est-ce pas là votre seul désir, fonder une famille et vous contenter de ce simple bonheur ?
    — Oh, papa, arrête de la taquiner ! la défendit Claire avec une moue boudeuse.
    
    Elle enlaça Kate avec un air protecteur, jetant à son père un regard plein de défi. Agacé, il haussa les épaules avec résignation, se tournant vers sa femme.
    
    — Vous voyez, c’est ça la nouvelle génération. À force de vouloir s’émanciper et lutter pour l’égalité, la plupart gâchent leur avenir et finissent vieilles filles. C’est pitoyable !
    
    Son visage se rembrunit. En disant cela, il pensait aussi à sa fille. Souvent, il se heurtait à Claire, une vraie révoltée, refusant l’autorité et s’enflammant pour ses rêves de jeune écervelée qui veut changer le monde, ...
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