Promenade un soir d'été - Histoires de Sexe

Promenade un soir d'été

... vais m’occuper de cette prise USB-là, ajouta-t-il en se saisissant du notebook.
— Je te souhaite bien du plaisir !

Après avoir inséré sa clef dans le portable, Alain le reposa sur le formica de la table basse, puis l’alluma. Il tapa une séquence de touches au démarrage et ce qui s’afficha cette fois sur la machine n’avait rien à voir avec l’habituelle mire de sécurité. Le symbole des pirates en tout genre avait envahi l’écran : une tête de mort sur fond de tibias croisés…

— Hé ! Je croyais que les informaticiens sérieux n’utilisaient pas ce genre d’outils !
— Seulement à des fins d’études, éluda l’homme de l’art, penché sur le petit portable. Et, bien sûr, pour les cas d’urgence comme celui-ci.

Un menu apparut, présentant toute une série d’options. Alain choisit celle qui s’accompagnait d’un petit pingouin animé. Dans la fenêtre qui s’ouvrit, il entra une série de commandes qui auraient tout aussi bien pu être du swahili pour ce que j’y comprenais. Hyper concentré, les yeux brillants, Alain tapait sur un rythme démentiel. On sentait le « geek » en manque, le mec prenant son pied à casser du code gouvernemental. Un talent caché aussi utile dans ce monde mourant qu’un don pour l’électronique en plein moyen-âge. Sauf peut-être en ce moment précis…

Au bout de dix minutes, lassée de le regarder faire, je me dirigeai vers la cuisine. Ce fut à peine s’il remarqua ma retraite en direction des fourneaux.

— Bon, pendant que tu te cravates avec Big Brother, je vais ...

... préparer un truc à bouffer. Ça te va, des boulettes spaghettis ?

Je me contentai du vague « Mmmh » qu’il me lança sans décrocher le regard de sa machine. Une rivale inattendue venait de se dresser entre nous, qui l’hypnotisait en direct live, là, juste devant moi. Je me rassurai en me disant que même s’il n’arrivait à rien, ça lui occuperait au moins un peu l’esprit. Une sorte de transition avant de revenir à notre quotidien, avant de s’intéresser de nouveau à moi…

J’étais en train de disposer les couverts sur notre bonne vieille table de cuisine, de part et d’autre du plat de pâtes à la sauce tomate encore fumante, quand Alain daigna pointer le bout de son nez dans l’antre de Lucullus.

— Alors, ça donne quoi ? demandai-je innocemment.
— J’ai réussi à accéder au disque dur, mais son contenu est crypté. Sans la clé privée de son propriétaire, pas facile d’en tirer quoi que ce soit…
— Bref, tu laisses tomber, ai-je suggéré, un sourire en coin (Eh hop ! Dégagée, la perturbatrice ! À nous, les câlins).
— Pas du tout ! s’offusqua-t-il. Je viens de lancer une attaque en force brute. Simplement, ça risque d’être assez long avant que cette bécane daigne nous livrer tous ses secrets.
— Combien de temps, tu crois ?
— Je sais pas. Des semaines, sûrement… Peut-être même des mois.
— Tant que ça !
— J’en serai venu à bout en trois-quatre jours, si mon équipement informatique n’avait pas été pulvérisé avec le reste de la région parisienne, s’est-il justifié, écartant les bras en ...