1. Promenade un soir d'été


    Datte: 30/06/2018, Catégories: fh, sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... la rue dévastée où, deux ans plus tôt, sa famille et lui avaient élu domicile. Alors qu’il s’apprêtait à se glisser dans les profondeurs accueillantes de la terre, mon explorateur du dimanche s’était soudain immobilisé. Une touffe d’herbe jaunie s’agitait dans la brise de cette fin de journée. Oh, pas grand-chose. À peine quelques brins malingres entre deux pierres. Mais déjà un vrai miracle en soi !
    
    Comment ne l’avait-il pas remarquée plus tôt ? N’en croyant pas ses yeux, Alain s’est approché de cette vie primitive qui, tant bien que mal, s’accrochait à son bout de terre, une terre irradiée sur un bon mètre de profondeur. S’agenouillant devant la plante, il avait alors assisté à un fabuleux spectacle ; quelque chose bougeait entre les radicelles ! Des fourmis, minuscules, mais bien vivantes ! Le nez au ras du sol, Alain avait suivi quelques instants leur ballet, le souffle coupé, ému à l’extrême. Comment avaient-elles fait pour résister au cataclysme ? Il en vit émerger plusieurs d’une fissure entre les éboulis. Mais oui ! Enfouie loin sous la croûte terrestre, la fourmilière ancestrale avait tenu bon face à la folie destructrice des humains, au déchaînement de leur puissance…
    
    Quelque part, il ne savait plus où, il avait lu que les fourmis peuvent survivre onze mois à une exposition au césium radioactif. Celles-ci n’avaient pas l’air mourantes, bien au contraire ! Adaptées à leur nouvel environnement, elles recommençaient à coloniser le monde, réinvestissant les ...
    ... niches écologiques laissées vacantes. Présentes sur terre des millions d’années avant l’apparition de l’homme, elles seraient toujours là, bien après la fin de son règne.
    
    Pêchant un sac à échantillon dans l’une de ses poches, Alain avait délicatement prélevé trois brins d’herbes. Sous la fine pellicule de plastique, emprisonnées avec sa récolte, courraient quelques fourmis. Heureux comme un gosse, il avait dévalé les marches menant au sas de notre abri : il comptait limiter quelque peu ma fureur légitime en me faisant part de cette découverte incroyable…
    
    Il avait eu la surprise de sa vie lorsqu’il avait pianoté le code d’ouverture sur la porte : le panneau blindé n’avait pas bougé d’un pouce ! Au lieu de cela, un message s’était mis à défiler sur l’afficheur, juste au-dessus du clavier mural :
    
    Qui que vous soyez, allez en enfer !
    
    N’ayant que trop peur de comprendre, Alain avait retapé le code, sans résultat. Un nœud à l’estomac, les doigts tremblants, il avait alors tenté l’ancienne combinaison. Toujours rien… Que se passait-il ? Une sueur grasse s’était mise à couler le long de ses tempes, en lourdes gouttes glacées qu’il ne pouvait qu’écraser à travers le tissu élastique de la combinaison.
    
    Essayant de ne pas paniquer, il se répétait que je devais être en train de lui faire une mauvaise blague. À tout moment, il s’attendait à ce que la lourde porte s’ouvre et que ma tête narquoise s’encadre dans l’ouverture. Chaque goulée d’air précipitait l’épuisement de ses ...
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