1. La fuite


    Datte: 27/01/2018, Catégories: ff, soubrette, historique, historiqu, Auteur: Courtisanne, Source: Revebebe

    ... la nuit à la belle étoile, les deux femmes collées l’une à l’autre et enroulées dans les quelques vêtements qu’elles portaient. Heureusement, le foin leur tient chaud.
    
    Mais Dame Alix ne dort pas. Elle pense à cette épouvantable journée. Ah, si son cher époux n’était pas parti défendre le tombeau du Christ, rien ne serait arrivé ! Que lui importait que les infidèles fassent le siège de Jérusalem ! Aussitôt, elle se morigène : voilà que dans sa détresse, elle est prête à accuser le Tout Puissant de tous ses maux ! De toute évidence, le diable faisait des affaires ce jourd’hui !
    
    Ce qu’elle voudrait, ce sont les bras puissants et doux de son époux et non le corps mince et tremblant de sa servante. Pauvre Asceline, qui lui avait sans doute sauvé la vie !
    
    Alertée par ses cris, elle avait immédiatement compris la situation et n’avait eu que le temps de prendre la lourde ceinture chargée de pièces d’or, qu’elle portait maintenant à même la peau, avant de s’engouffrer dans le souterrain du château qui ressortait plus loin dans la campagne. Là, bien cachée parmi les buissons, elle avait attendu Bénezet qui, selon les instructions de son maître, devait la rejoindre avec la charrette en cas d’attaque du château. Dame Alix avait ensuite envoyé son serf à la recherche de sa fidèle servante Asceline.
    
    En cette fin de printemps, les nuits sont courtes et l’aube arrive sans qu’Alix n’ait pu fermer l’œil. Qu’importe, elle aura tout le temps de dormir durant la journée, bercée par ...
    ... le balancement du chariot : la route est encore longue.
    
    En partant pour la croisade, Tancrède de Séverac – l’époux d’Alix – avait rejoint Hadrien Pons de Guénan, son cousin germain, afin de réunir leurs forces. C’est chez ce dernier que se rend Alix, pour demander l’hospitalité à Dame Clémence, l’épouse d’Hadrien, le temps de trouver le moyen de reconquérir son château.
    
    Une journée passe, puis deux autres encore. Le soir, ils ont été logés dans un monastère puis dans l’humble hutte de serfs qui les ont accueillis comme des rois. La dernière nuit, comme la première, s’est passée à la belle étoile.
    
    Tandis qu’ils descendent vers le Sud, l’air se fait plus sec et embaume les simples qu’Alix cultivait en son jardin : thym, romarin et sauge. Mais ici, en Provence, la moindre parcelle d’air en est saturée.
    
    En ce début de juin 1188, on recherche déjà l’ombre des chênes lièges et des oliviers, ou bien l’abri des rochers où pousse le buis à l’odeur si rafraîchissante.
    
    Enfin, la haute tour du donjon de Guénan apparaît à l’horizon. Aussitôt le pont-levis franchi, Alix se laisse glisser dans les bras de sa cousine, accourue aux cris de ses gens.
    
    — Dieu ! Ma sœur, vos tresses ! s’écrie-t-elle en voyant les cheveux de la jeune femme plantés de nombreux brins de paille. Mais que vous arrive-t-il donc ?
    
    En quelques mots, Dame Alix raconte l’attaque du château par les troupes du seigneur voisin, et comment elle a pu échapper à un probable enlèvement. Aussitôt, Dame Clémence ...
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