La fuite
Datte: 27/01/2018,
Catégories:
ff,
soubrette,
historique,
historiqu,
Auteur: Courtisanne, Source: Revebebe
Tirée par deux bœufs, une lourde charrette de foin, aux roues pleines, brinquebale sur le chemin. Une fourche sur l’épaule, un lourd paysan trapu dirige l’attelage, claquant de la langue pour inciter les lents animaux à avancer. Si l’on s’approche d’assez près, on distingue un léger gémissement qui s’échappe du foin qu’elle transporte.
En observant bien, on peut voir le foin animé d’un mouvement propre et, discrètement, un visage féminin apparaître à l’arrière : c’est Dame Alix, qui regarde au loin la lourde fumée noire qui monte de son château, là-bas, presque à l’horizon.
Lorsque les bois masquent la demeure seigneuriale et que le danger semble passé :
— Bénezet. Arrête-toi, on est assez loin.
En grognant, l’homme retient les bœufs, descend de la charrette et vient vers sa maîtresse :
— Ma Dame, comment va Asceline ?
— Viens m’aider à la sortir du foin.
Avec sa fourche, le paysan dégage habilement le dessus du tas. Alix repousse quelques gerbes qui masquaient un autre corps féminin : une jeune femme, sans autre vêtement qu’une chemise déchirée, laissant apercevoir un sein nu. Sur ses jambes, on aperçoit de larges traînées de sang.
Dame Alix déchire son surcot et en donne un morceau à Bénezet :
— Va tremper ce linge au ruisseau, là-bas, il faut la nettoyer.
Puis elle se penche sur la jeune femme :
— Asceline, tu m’entends ?
Les yeux s’entrouvrent et le corps tressaille :
— Ma Dame… Où est-on ? Ils m’ont…
— Tout doux ma fille, calme-toi. ...
... Nous sommes loin maintenant. Il n’y a plus de danger.
Bénezet arrive avec le linge dégoulinant d’eau. Alix lave les jambes d’Asceline puis, très délicatement, le bas-ventre complètement couvert de sang.
— J’étais vierge…
— Ils le paieront, je te le jure ! Reste allongée, repose-toi. Bénezet, en route, nous avons du chemin.
Le voyage se poursuit, lentement. Asceline, dans les bras de sa maîtresse, raconte son martyre :
— J’étais dans la cour quand les hommes d’Eustathe sont arrivés, ils avaient des armes et se sont mis à frapper deux serfs qui étaient là. Alors, j’ai crié pour vous alerter, ma Dame. Un homme s’est jeté sur moi et m’a étourdie avec la poignée de son épée. Je me suis évanouie. Quand je suis revenue à moi, il me violait, et deux autres à côté attendaient leur tour en ricanant. C’est là que Bénezet est arrivé, il en a embroché un avec sa fourche et assommé les deux autres. Il m’a prise sur son épaule et je me suis encore évanouie. Je viens juste de reprendre connaissance dans vos bras, ma Dame.
Alors, elle se soulève péniblement sur les coudes pour remercier Bénezet qui hausse les épaules et esquisse un vague sourire en grommelant, puis se laisse doucement bercer par les cahots du chemin.
Le soir venu, ils s’arrêtent près d’un petit bois dans lequel ils se réfugient. Sans dire un mot, Bénezet s’enfonce sous les arbres pour revenir quelque temps après avec un lapin qu’il dépouille et fait cuire sur un petit feu de branches mortes.
Puis, c’est ...