1. Le miroir aux alouettes (1)


    Datte: 21/06/2018, Catégories: Partouze / Groupe Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    ... je n’avais naturellement pas les moyens financiers pour m’offrir un tel instrument. J’avais donc trouvé une solution assez simple pour me faire un peu d’argent de poche. Certains soirs, je me rendais dans un bar et le patron de celui-ci, en contrepartie, pour quelques sous, me laissait jouer pour ses clients.
    
    À l’occasion, je pouvais aussi allier la voix à mes notes et le bistrot en quelques mois était devenu un endroit de rendez-vous pour tous les jeunes du campus. Je ne prêtais aucune attention à ces gosses qui comme moi trimaient parfois dur pour parvenir à se frayer une route dans l’existence. J’avais tout de même un petit noyau d’intimes comme les autres étudiants avec qui j’étudiais la musique et puis il y avait ce Jean.
    
    Je me souviendrai toujours de ce fameux soir. Comment avait commencé la chanson ! Je chantais à la demande du patron, quelques ritournelles telles que « la vie en rose » ou des succès comme « les corons ». Les jeunes aussi voulaient danser, alors pour animer les heures sombres de ces filles et de ces garçons, j’interprétais aussi quelques valses, plus rarement des slows et sur un bout de parquet improvisé, des couples se formaient, se déhanchant avec une complicité assez évidente. C’était bien ce soir-là qu’une main sur mon épaule s’était posée, sans que je sache à qui elle appartenait.
    
    — Entre vos mains et votre voix, il est difficile de choisir. Vous chantez et vous jouez tout aussi bien. C’est un régal.
    
    —… !
    
    Mes doigts continuaient à ...
    ... courir seuls sur le clavier et les mots du gars m’entraient dans l’oreille, comme un brouillard. La chanson à peine achevée, j’avais fait une pause. Me levant pour me dégourdir les jambes, le type… enfin ce Jean m’avait accompagnée. Le patron derrière son bar m’avait souri et il avait poussé devant moi un « diabolo fraise ». Puis il avait regardé le grand gaillard qui attendait à mes côtés…
    
    — Et pour vous, Monsieur, ce sera ?
    
    — Oh ! Mettez-moi… un « baby ».
    
    — Voilà !
    
    Je me trouvais donc très surprise lors de mon retour à ma chambre au CROUS, de me voir raccompagner par ce solide gaillard. Il y avait tellement de filles plus jolies que moi, telle ma meilleure amie, Maryse. Dans les jours qui suivirent, il se montrait prévenant, empressé et ma foi, ce n’était pas pour me déplaire. Nous restions ainsi quelques semaines dans une sorte de statu quo et puis ce qui devait arriver arriva. Ce fut tout naturellement qu’un soir, en revenant du bistrot où j’avais encore joué, Jean m’embarquait pour un diner au restaurant. J’étais dans mes petits souliers.
    
    Du repas, je n’en gardais que peu de souvenirs, parce que mes yeux se noyaient en permanence dans ceux de ce garçon qui me faisait face. Dès notre sortie, dans ce qui ressemblait fort à un brouillard pour moi, deux bras musclés m’attiraient contre la poitrine de ce jeune homme. Par contre, il me restait ce premier baiser, cette embrassade indélébile qui me transportait loin de toute l’agitation de cette soirée, sous un ...
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