1. Le miroir aux alouettes (1)


    Datte: 21/06/2018, Catégories: Partouze / Groupe Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    Lorsqu’aujourd’hui, je me retourne sur ma vie, que de temps à autre je regarde en arrière, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance. Celle de rencontrer l’homme de ma vie très jeune et d’avoir ainsi pu profiter de toutes les opportunités de l’existence.
    
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    C’était donc lors de nos études que nous nous étions retrouvés face à notre destin. J’avais de suite, mais je n’étais pas la seule à cette époque, remarqué ce grand type à la faconde enivrante. Toutes les têtes se tournaient vers ce jeune homme qui, dès qu’il prenait la parole, en imposait vraiment.
    
    — oooOOooo —
    
    Jean avait de quoi enflammer bien des cœurs et je n’étais rien d’autre qu’une jeune fille anonyme, perdue dans la masse grouillante des étudiants d’un campus d’une université de province. Mes parents suaient sang et eau pour me payer des études qui devaient me hisser à un rang social plus élevé que celui qu’il connaissait eux. Mon père, contremaitre dans un tissage n’avait pour tout horizon que le bruit inquiétant des métiers à tisser. Ses loisirs étaient tous consacrés à son jardin potager et accessoirement à la pêche à la truite. Il faut dire que dans notre région il n’en manquait pas de ces minuscules rus poissonneux.
    
    Maman était une femme très belle et elle avait su s’attacher à cet homme qui devait devenir mon père. Là, je vous parle d’un temps dont je sais peu de choses. Ce n’était que justice de remercier ces gens de conditions très modestes que j’aimais, en réussissant là où ils ...
    ... rêvaient de me voir arriver. C’était par un joli diplôme que je rendais grâce à mes parents de toutes leurs privations. Je n’oublierai jamais cette fierté de mon père, lors des résultats du bac.
    
    Ni les yeux de maman devant le papier très officiel reçu pour concrétiser cet examen, un peu comme si c’était finalement à elle qu’il se trouvait décerné. La mention « très bien » au bas de ce parchemin avait eu un impact assez fort sur ce papa et cette mère qui m’avaient offert toutes les chances pour réussir. Il m’arrive encore parfois de revoir cet instant où des étoiles brillaient dans les prunelles si vertes de maman Louise. Charles n’avait rien dit, mais leurs mains s’étreignaient dans un geste sans équivoque.
    
    Les cours à l’université l’année suivante avaient repris, mais cette fois j’étais bien loin de ma campagne, perdue dans la grande ville, lâchée dans la vie. Bien entendu, c’était toujours avec des tas de victuailles que je revenais chaque début de semaine reprendre des cours supérieurs au conservatoire qui devaient cette fois m’ouvrir des chemins pavés de notes de musique. Le piano et le solfège devenaient durant des jours entiers, un refuge où je retraçais en accords tous les sentiers de mes montagnes enfouies dans mon cœur et mon esprit.
    
    Dans le petit groupe d’amis que je fréquentais alors, ce grand type, beau parleur, s’était immiscé je n’ai jamais vraiment su comment. L’insignifiante étudiante que j’étais ne brillait qu’avec un clavier de piano sous les doigts et ...
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