1. Une nuit à Fonfreide


    Datte: 14/06/2018, Catégories: ffh, revede, conte, merveilleu, fantastiq, Auteur: Nicolas, Source: Revebebe

    ... dans l’oreiller. Il ne faut surtout pas bouger et à peine respirer. Les fées c’est comme le bonheur, ça se mérite et ça demande des efforts. Une fée, contrairement à ce qu’on croit et à ce que colportent les légendes, ce n’est pas un individu doté de pouvoirs magiques et qui peut résoudre tous les problèmes du monde d’un simple coup de baguette magique. Une fée, c’est un être sensible, timide, qui a encore plus peur que vous dans le noir, qui n’aime pas l’inconnu ni les inconnus et qui n’a jamais fait de miracle. Une fée, c’est quelqu’un qui voudrait bien, mais qui ne peut pas sans votre aide. Elle voudrait bien vous aider, mais si vous n’y mettez pas du vôtre, rien ne se passera. Une fée, c’est plus souvent la grenouille qui vous regarde passer du bord de sa mare sur le chemin de votre vie que la blonde à gros seins vêtue de blanc et équipée d’une baguette magique qui vous apporte le chèque du gros lot, alors que vous aviez oublié de jouer la super cagnotte. Votre fée, vos fées si vous êtes un peu poète et sage, vous les avez en vous, elles sont toujours prêtes à vous aider, mais savez-vous les écouter ?
    
    Cette nuit, je découvrai tout ça, retrouvant mes deux fées bienveillantes dans cette chambre où j’avais dormi étant enfant puis adolescent. Ce sont elles qui calmaient mes terreurs nocturnes lorsque réveillé par l’aboiement d’un chien au loin, j’entendais la maison vivre et faire craquer les rhumatismes de ses grosses poutres de chêne et de ses parquets de châtaigner. ...
    ... Plus tard, lors de mes premiers émois charnels, elles m’aidèrent à mieux supporter l’indifférence de Juliette, de deux ans mon aînée, dont les formes déjà épanouies m’avaient subjuguées et qui préférait la compagnie des garçons du village, qui, eux, avaient des mobylettes !
    
    Bercé par les tic-tacs de la pendule, véritables battements du cœur de la maison, je glissais dans une espèce de torpeur plus ou moins éveillée. Plus je me laissais aller plus les choses s’animaient, plus mes fées se révélaient.
    
    La première à sortir de l’ombre fut Aline (du nom d’un premier amour). Je mis un peu de temps à la reconnaître. Elle avait bien changé depuis que nous ne nous étions vus. Ou peut-être mes souvenirs s’étaient-ils quelque peu estompés. D’elle je ne gardais en mémoire que de lourds et longs cheveux roux en boucles soyeuses et souples qui descendaient jusqu’au creux de ses reins. Ses traits s’étaient un peu effacés dans ma mémoire, et ce qui revint en premier ce fut le semis de tâches de son sur son visage, puis ses yeux vert menthe à l’eau (très clairs comme quand on ne met que très peu de sirop), enfin son nez mutin et ses lèvres pulpeuses, charnues mais sans excès, toujours souriantes, toujours légèrement entrouvertes. Elle ressemblait presque traits pour traits à Viviane, mon premier amour d’adulte. Amour timide et de timide, longtemps platonique et secret, un jour prêt à être déclaré, le lendemain tué par l’apparition d’un bellâtre « Nicolas, je vous présente Jean-Pierre, mon ...
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