Lisbonne sur Sumida - Histoires de Sexe

Lisbonne sur Sumida

... Un désir brut de sexe, d’une belle queue, dure, tendue vers ses cuisses qu’elle ne va pas tarder à entrouvrir.

Le jeu de ma compagne n’échappe pas à l’inconnu, qui se glisse maintenant derrière elle. Je suis sûr qu’il en profite pour effleurer ses fesses de sa bite gonflée. Elle ne bronche pas. Pire, il me semble la voir s’amuser à masser le salaud en basculant lascivement son bassin de haut en bas. Sait-elle que je vois ses avances lubriques d’où je suis dans la file ? Qui veut-elle exciter par cette attitude exhibitionniste ?

Leur manège est interrompu par une préposée à l’embarquement venue en renfort pour accélérer la procédure. Elle a passé les dernières minutes pendue à un talkie-walkie et semble assez contrariée. Prenant d’autorité le billet du bellâtre, elle le scanne et expulse le bonhomme dans le couloir d’embarquement, tout en retenant ma femme d’un geste impérieux.

— Je suis désolée, Madame, mais pour des raisons indépendantes de notre volonté, l’avion est surbooké. Les règles de l’IATA sont incontournables : premiers arrivés, premiers servis !
— Ce qui veut dire ? s’insurge ma compagne.
— Je dois vous demander de prendre le prochain vol, en milieu de journée.
— C’est impossible, Madame, je ne peux en aucun cas reporter ce voyage. C’est … c’est une question de vie ou de mort, prétend-elle avec une effronterie peu commune.
— Si vous êtes malade, c’est autre chose. Pour autant que vous disposiez d’un certificat médical.
— Alors là, c’est le sommet ! ...

... On me refuse la place que j’ai réservée, et en plus on me reproche d’être en bonne santé. C’est le monde à l’envers !

Je dépasse les passagers qui me séparent de ma femme et essaie de calmer les esprits, en mode casque bleu de l’ONU.

— Ma chérie, ce n’est pas si grave ! Si Madame dit qu’elle va essayer de nous trouver une place dans un prochain avion, nous pouvons la croire. Allons boire quelque chose. Nous avons tout le week-end pour nous, où que nous soyons…
— De toute façon, le pilote va faire procéder à la fermeture de portes. Je ne peux plus rien pour vous.

C’était la phrase à ne pas prononcer. En une fraction de seconde, tout s’emballe.

— Comment, plus rien pour moi ? hurle ma femme, soudain hors d’elle. Il vous suffit de prendre votre putain de talkie-walkie et de presser sur la touche jaune, juste là, éructe-t-elle en tentant d’arracher l’objet des mains de la fille.
— Calmez-vous, Madame ! Ce n’est qu’un simple contretemps. Quant à vos bagages, vous les retrouverez à votre arrivée à Lisbonne.
— C’est pas vrai, gémit-elle au bord des larmes, montrez-moi la caméra cachée et qu’on en finisse ! Si je vous dis que c’est une urgence, c’est une urgence !

Je n’avais jamais vu ma femme dans cet état. Énervée, certes. De plus en plus même, ces derniers temps. Mais à la fois énervée et excitée, c’est une grande première. Qu’elle est belle, les yeux jetant des éclairs, le corps tendu par la frustration, les muscles bandés dans une vaine tentative de se retenir ...