1. Fauteuils de cuir et peau de vache


    Datte: 11/06/2018, Catégories: autostop, Humour coupfoudr, Auteur: Guust, Source: Revebebe

    ... Pourquoi pas ? Si mon horaire vous convient, bien sûr. Je termine à dix-sept heures.
    — Ce sera parfait. Rendez-vous ici même, alors.
    — OK. C’est très gentil à vous. À ce soir.
    
    J’ignore pourquoi l’idée saugrenue m’est venue soudainement à l’esprit en remontant vers la périphérie en fin de journée, mais je suppose, avec le recul, que c’est le dynamisme, la gaieté et la fraîcheur de ma passagère qui m’ont laissé imaginer qu’elle ne serait pas opposée à participer à ce que j’imaginais déjà être une bonne blague.
    
    — Vous pourriez me rendre un petit service ? ai-je demandé.
    
    Elle a tourné vers moi ses yeux noisette et son petit nez mutin entouré de quelques menues taches de rousseur.
    
    — Un petit service ? Si c’est dans mes possibilités, pourquoi pas ? Je vous dois bien ça.
    — Auriez-vous un peu de temps à me consacrer, dimanche dans la journée ?
    — Dimanche ? Eh bien… ça dépend de ce que vous allez me demander…
    
    J’ai entamé mes explications, mais elle m’a interrompu :
    
    — Nous sommes arrivés !
    — Oh ! Oui ! Excusez-moi ! ai-je dit en stoppant la voiture au bord du trottoir.
    
    J’ai cru un instant qu’elle allait descendre, mais elle a attendu tranquillement la suite de mon exposé, puis, en se mordillant la lèvre inférieure et en regardant le plafond de l’habitacle, elle a réfléchi un instant.
    
    — C’est d’accord, a-t-elle dit enfin. Et le service petit déjeuner dix-huit pièces sera pour moi.
    — Absolument. Mais ne vous attendez pas à du Limoges, hein ! Quelle heure ...
    ... vous convient-elle le mieux ?
    — Disons… quatorze heures, ici ?
    — Très bien.
    
    Elle a quitté son siège et juste avant de fermer la portière, elle m’a jeté :
    
    — Encore merci pour le taxi.
    — Hé ! Attendez !
    
    Elle a suspendu son geste.
    
    — Oui ?
    — Je ne connais même pas votre nom !
    — C’est vrai. Comment vous appelez-vous ?
    — Moi ? ai-je fait surpris. Joseph. Et vous ?
    — Joseph comment ?
    — Joseph Duval.
    — Très bien. Moi, c’est Tania. Tania Duval.
    
    Et, sur un dernier sourire espiègle, elle a claqué la portière. Je ne savais rien de cette étrange jeune femme, hormis le fait qu’elle travaillait au bureau de poste et qu’elle disait se prénommer Tania. Je suis rentré chez moi moins tranquillement que d’habitude, en me demandant quelle mouche m’avait piqué pour que j’agisse de la sorte. J’avais en mémoire son rire clair, ses yeux noisette soulignés de quelques petites taches de son, sa silhouette fine et son incontestable dynamisme.
    
    J’ai montré à la vendeuse la lettre que j’avais récupérée dans ma corbeille à papiers en me félicitant de ne l’avoir ni déchirée ni froissée, et elle m’a répondu, alors que je lui réclamais poliment le cadeau :
    
    — Bien sûr, monsieur, mais auparavant, vous désirez peut-être visiter un peu notre magasin ?
    — Bah ! Vous savez, nous n’avons pas l’intention d’acheter un salon de cuir, et…
    — On peut quand même faire le tour, chéri ! est intervenue Tania. De toute façon, ça ne nous engage à rien.
    — Voilà, a souri la vendeuse.
    
    J’ai haussé les ...
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