L'homme qui portait des lunettes de soleil
Datte: 25/01/2018,
Catégories:
fh,
Oral
pénétratio,
Auteur: Zahi, Source: Revebebe
... ne peux pas t’en dire plus pour le moment, a-t-il dit avant d’écraser fébrilement sa cigarette au fond du cendrier. Tiens ce numéro. Il s’occupera de toi. Garde les photos. Dès demain, ne mets plus les pieds dans ce café. Tu auras tout ce qu’il faut.
Il m’a serré la main et il est parti en passant difficilement entre les clients tassés sur la terrasse, puis il s’est enfoncé dans le siège arrière d’une grande Mercedes aux vitres teintées.
À trois heures du matin, il n’y a avait plus aucun client. Ali était déjà parti au studio. J’ai nettoyé les derniers narguilés que j’ai rangés sur des étagères, puis j’ai marché pendant une demi-heure au bord du lac, jusqu’au bout de la chaussée. Après, je suis passé par-dessus le petit muret qui marque la fin de la corniche et je me suis aventuré dans les buissons qui bordent l’eau du côté nord du lac. Une meute de chiens s’est approchée de moi et s’est arrêtée à une dizaine de mètres en aboyant. J’ai enlevé mes chaussures, retroussé mon pantalon et j’ai avancé jusqu’à avoir les genoux à moitié trempés. J’ai marché doucement, de peur de glisser sur la vase.
J’ai pleuré pendant une heure – peut-être plus – puis je suis retourné sur le sable. Je ne savais pas ce que je devais faire ; mais quoi qu’il en soit, je me suis levé, j’ai marché sur le sable et je suis revenu sur la corniche. J’ai nettoyé le sable collé à mes pieds et j’ai remis mes chaussures. L’aube commençait à poindre ; une mosquée annonçait au loin la prière du matin. ...
... J’ai attendu le chant des coqs dans la prairie ; mais ici, il n’y avait que du béton et de l’acier.
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Cinq heures du matin ; le quartier de l’Espoir était vide, silencieux. Le taxi m’a abandonné sur la grande route, ne voulant pas s’aventurer dans les dédales du quartier. Un petit vent du matin faisait remuer les branches asséchées d’un bougainvillier qui n’a jamais été taillé, éclaté à tout hasard sur un mur lézardé. Des fils à linge vibraient sur les balcons et les toits ; quelques vêtements jaunâtres dansaient et claquaient au vent. D’un pas hésitant, j’ai avancé jusqu’à l’appartement de Fatma.
J’ai frappé à la porte en bois. Une minute après, j’ai entendu des pas lourds qui avançaient, puis la porte s’ouvrit. J’ai pu alors voir, dans la pénombre, Fatma dans un vêtement large. Elle se mouchait ; son visage était rose et boursouflé. Ses cheveux ébouriffés, d’une couleur bizarre, étaient sales, pas assez vifs, négligés. Son corps était enveloppé dans sa robe de chambre rouge.
— Oh, c’est toi ! m’a-t-elle dit en se frottant un œil.
— Oui, Fatma, je n’ai plus où dormir.
— Entre !
Je suis entré et j’ai refermé la porte. Tout était en désordre, en décrépitude. Dans un coin, à côté de la chambre, des vêtements étaient jetés pêle-mêle. De la vaisselle de couleur douteuse jonchait la table ; par terre, des chaussures dépareillées avaient été jetées un peu partout. Des traces de pas sur le carrelage, une couche de poussière sur le canapé ; une autre, plus ...