1. À la cour Charles : Anaïs, Claire, famille et surprises


    Datte: 03/06/2018, Catégories: fh, historique, Auteur: Bernard Nadette, Source: Revebebe

    ... ce que vous pensez, il m’arrive de réfléchir. Bien que je sache que vous êtes… comment dire ?… auprès de moi, en service commandé. Je tiens à vous.
    — Vous tenez à moi ! Je ne mérite pas l’intérêt que vous me portez. Nombreux sont ceux qui ont tenté d’attirer votre attention et qui auraient amplement plus mérité votre sollicitude.
    — Certes nombreux sont ceux qui ont tenté de me mettre dans leur lit, mais en cela il voulait flatter leur vanité d’avoir mis à leur tableau de chasse une femme que l’on dit être une des plus belles de la cour. La beauté n’est pas forcément une bénédiction. Aucun ne voyait une personne en moi, seul les intéressaient le plaisir qu’il pouvait retirer à me baiser et la gloriole de me produire à leur côté comme un trophée. Quand vous vîntes vers moi, je fus surprise, car jusque-là, vous vous étiez toujours conduit galamment et ne me parliez pas comme à une proie. J’appréciais déjà votre compagnie. Au début, que me soyez une source de renseignement qui servait ma bourse accrut l’intérêt que je vous portais. Mais cet aspect devint rapidement négligeable. Bien que je me rendisse tôt compte que votre sollicitude à mon égard fut de commande, vous fûtes un cavalier charmant et attentionné. Votre conversation peut-être tantôt drôle, tantôt sérieuse, jamais ennuyeuse. De vous avoir auprès de moi éloigna nombre d’importuns et de jalousies féminines. De plus vous me fîtes découvrir des plaisirs que je ne connaissais pas.
    — Votre mari…
    — Mon mari, ne m’en ...
    ... parlez pas. Ma mère me tira du couvent à quinze ans pour me marier au marquis de Pierrenoire qui dépassait les soixante-cinq. J’ai été vendue et le terme est inexact, car j’apportais au marquis une confortable dot, mais que je sois mariée à un personnage de si haute noblesse quel honneur pour la famille. Comme je vous l’ai dit, si mon époux fut un grand séducteur, quand il m’épousa ses excès l’avaient fort flétri. Pour me dépuceler, il usa du pommeau de sa canne. Jamais il ne me pénétra vraiment. Il m’imputa son impuissance et pour s’en venger me tourmenta. Quand il mourut, ce fut pour moi un soulagement. Mais même par-delà la mort il empoisonne ma vie, car à son décès, il était presque ruiné et laissait surtout des dettes. Il avait même dilapidé une grande partie de ma dot. Heureusement que sa sœur me verse une pension, sans cela je serais dans la misère.
    — Le marquis vous tourmentait ?
    — Notre petite réjouissance dans l’écurie fait presque distraction pour nonnette à côté de ce qu’il m’a fait subir lui avec le compérage de son intendant et surtout de la femme de ce dernier. Mais brisons là, je préfère n’en pas parler.
    — Me pardonnerez-vous un jour pour…
    — L’écurie. Soyez assuré que vous l’êtes déjà. Croyez que j’ai compris que votre déception de ne point suivre l’amiral de Villerutay jointe à ma présence insistante à un moment où vous aspiriez à de la quiétude vous insupportèrent. Ce fut pour vous un exutoire. J’ai bien vu en vous retrouvant tout à l’heure que vous étiez ...
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