Bien connaître son histoire pour ne pas la revivre
Datte: 02/06/2018,
Catégories:
fh,
bizarre,
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Auteur: Tito40, Source: Revebebe
... dirige une petite entreprise qui intervient dans l’installation de chauffages collectifs, de climatisations, de ventilations, et de distribution d’eau. Le plus souvent, je travaille sur des marchés publics, et à cette époque j’étais principalement occupé sur le site de l’annexe psychiatrique de l’hôpital. C’était un corps de bâtiment assez ancien dont nos étions en train de refaire tout le chauffage, et que nous traitions par zones.
C’est là que j’ai rencontrée à nouveau cette pauvre femme. Je ne l’ai pas reconnue tout de suite, d’ailleurs. Elle faisait sa promenade dans le parc, l’air pensif, accompagnée d’autres patients tout aussi perdus. Cette annexe est en réalité plus une maison de repos qu’un asile. L’hôpital y fait passer quelques jours ou quelques semaines à ses patients qui en ont besoin, après une dépression par exemple.
Je passais moi-même dans le parc au volant de ma camionnette en faisant surtout attention à rester discret, quand j’ai croisé son regard. Ce n’était plus la même femme ; c’était pourtant le même regard, troublant. J’ai mis quelques secondes à réaliser que je la connaissais, en tout cas que je l’avais déjà vue. Au mince sourire que j’ai cru apercevoir sur son frêle visage, j’ai compris qu’elle aussi m’avait reconnu.
Après avoir garé mon engin à l’endroit du chantier, je suis revenu vers elle pour la saluer. C’est l’image d’un chat qui m’est apparue quand je lui ai tendu la main, un chat craintif qui a dessiné autour de lui un périmètre de ...
... sécurité qu’il ne vous laisse pas pénétrer. La peur se lisait sur son visage, une peur viscérale contre laquelle elle semblait lutter, convaincue sans doute que je ne lui voulais pas de mal. Quand elle a prononcé son prénom, j’ai su. J’ai su que je ferais tout pour l’apprivoiser, la connaître, en faire une amie. Dans sa blouse blanche semblable à toutes les autres dans ce parc, elle était cadavérique, émaciée, faible et tremblante, mais moi je l’ai trouvée belle, une belle âme perdue, une âme tourmentée mais belle, et tout ça c’était dans son regard.
Mon chantier a pris du retard, mais je n’en avais cure. Quand je partais de chez moi le matin, je n’avais qu’un objectif : la croiser dans le parc, l’inviter à s’asseoir sur un banc, parler avec elle, la faire parler, la regarder, et surtout recevoir son regard dans le mien, sentir les vibrations qu’il provoquait en moi, au plus profond de moi, la garder le plus longtemps possible. Puis quand la fin de la promenade arrivait, je repartais travailler, triste de la quitter, en pensant à demain, en pensant à la revoir, en pensant à elle.
Je ne savais que peu de choses malgré le temps passé avec elle. Marlène ne se livrait pas facilement, mais sa confiance que je m’attachais à obtenir petit à petit l’avait conduite à s’ouvrir un peu, doucement, pas à pas. J’aurais voulu rester avec elle, là, sur le banc, des heures durant. Qu’elle me parle d’elle, de ses souvenirs, de ses envies, de ses projets, d’elle.
Puis un jour elle m’a ...