1. Bien connaître son histoire pour ne pas la revivre


    Datte: 02/06/2018, Catégories: fh, bizarre, amour, nonéro, confession, mélo, portrait, coupfoudr, amourdura, amourpass, amourcach, consoler, attirautr, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    ... assurance-vie confortable, dont elle ignora l’existence, d’ailleurs, jusqu’à ce que l’assureur la contacte. Elle se laissait aller doucement vers la mort. Elle était déjà morte socialement ; il ne restait plus qu’à laisser son corps fondre, en essayant de souffrir le moins possible. Plusieurs fois, elle avait envisagé de se jeter dans la Seine ou sous un train, ou de prendre des médicaments pour dormir toujours, mais quelque chose l’avait retenue, la peur peut-être, l’espoir sans doute pas.
    
    Un soir elle a sombré, et ce sont des passants qui ont alerté le SAMU. Elle a été prise en charge par le centre hospitalier qui l’a transférée, après les premiers soins, vers une unité spécialisée dans les cas pathologiques.
    
    Elle ne m’a raconté son passé que très longtemps après notre première rencontre, quand enfin elle m’a fait confiance, quand enfin elle a compris que nous n’étions pas, nous, les hommes, tous comme celui qu’elle avait aimé et haï.
    
    C’était un samedi matin, il devait être 3 heures tout au plus. Je rentrais de boîte avec des amis. J’étais Sam, celui qui ne boit pas. Le ciel était d’un noir d’encre, et la pluie tombait en cordes. Je roulais au pas quand j’ai vu quelqu’un s’écrouler sur le trottoir. Une forme tout juste humaine, qui a visiblement heurté un obstacle du pied et qui, déséquilibrée, a chuté sur la route. Naturellement, je me suis arrêté pour proposer de l’aide, avant de l’entendre m’insulter de sa petite voix fluette.
    
    Elle était sale comme un ...
    ... peigne, trempée comme une soupe, craintive comme une chatte. Je lui ai proposé un manteau, qu’elle a d’abord refusé avant que je ne lui pose sur les épaules. Je ne savais pas comment l’aider au-delà. Elle ne donnait clairement pas envie qu’on s’approche d’elle, mais quand j’ai vu ses yeux noirs, j’ai ressenti une émotion venue de nulle part, et oublié tout le reste. La laideur de cette femme était anachronique. Elle est partie en courant, mon manteau pour la protéger, et je l’ai perdu de vue.
    
    Je ne vous raconte pas les commentaires de mes amis une fois remonté dans la voiture. J’ai eu droit à tout. Ils se marraient en me disant que j’aimais les clodos, que je bandais pour les crados, et j’en passe. Mais moi, j’avais encore ses yeux devant les miens. Les yeux de la bonté, de la douceur. Ça n’allait pas avec le reste.
    
    Quelques jours plus tard, j’ai reçu un appel sur mon portable. C’était l’hôpital central. Une femme avait été trouvée inanimée dans une ruelle, porteuse d’un manteau dans lequel ils avaient trouvé une carte de visite m’appartenant. Ils avaient pensé que peut-être je la connaissais, que peut-être elle m’avait volé mon manteau, et en tout cas ils n’avaient rien trouvé d’autre pour l’identifier.
    
    Je n’y pensais même plus à cette femme qui m’avait troublé et ému. Mais ce fut tellement bref, tellement furtif. J’ai dit à mon interlocutrice que je ne la connaissais pas, qu’ils pouvaient garder le manteau, et j’ai raccroché.
    
    Je suis entrepreneur. Précisément, je ...
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