1. Rencontre au sommet (2)


    Datte: 20/05/2018, Catégories: Divers, Auteur: Doogy Woogy, Source: Xstory

    ... j’aperçus la voiture derrière les frondaisons en bas de la pente, j’ai presque eu envie de faire demi-tour en prétextant d’avoir oublié la clé au refuge !
    
    Quelques minutes plus tard nous étions sur le parking où la voiture attendait sagement. Avant de nous quitter, je lui conseillai de démarrer son véhicule, des fois que la poisse l’accompagnerait. Autant dire que si cela avait été le cas, j’aurais insisté sur l’accumulation de signes contraires et lui aurais conseillé de ne pas se rendre à la mairie. Mais la voiture démarra. Je tentai bien de gagner quelques minutes supplémentaires en sa compagnie, mais il fallait bien que la belle s’en aille, à un moment ou à un autre. Et elle s’enallu, mignonne ! Sans même que je ne tente de l’emballer.
    
    Et me revoilà sur la piste caillouteuse, à remonter d’un pas lourd le chemin qui m’avait paru si court à descendre. J’essayais bien de marcher à reculons, comme on rembobine une cassette, mais point de Céline à mon côté. Après m’être cassé la gueule deux ou trois fois, je décidai de reprendre le bon sens de la marche puisque le résultat escompté n’était pas bon. Je tentais tant bien que mal de penser à autre chose, à tel point que je regardais les troncs des arbres sur lesquels avaient été peints ...
    ... des chiffres. Oui c’était bien des hêtres : des chiffres et des hêtres ! Mon compte était bon. J’avais réussi ma mission dans les temps, et moi je pataugeais dans la mare asthme !
    
    Arrivé une nouvelle fois au sommet, je pense avoir donné le change mais j’étais maussade… comme un Israélien. Combien de temps sommes-nous restés là-haut ? Je ne m’en souviens plus, mais le week-end qui tirait lentement mais sûrement sa révérence avait soudain perdu toute saveur. Cette fois, il ne restait plus qu’à se concentrer sur la descente définitive. Et encore, même cela se changea en torture. Pour mes panards en premier lieu, qui en avaient marre de se faire balader. Cette même douleur qui ralentissait mes pas et me fit traîner la patte derrière un couple naissant : Marc avait pécho Adeline. Double peine !
    
    Il ne restait plus qu’à regagner ses pénates, enterrer les heures d’euphorie au lait des alpages dans une petite boîte estampillée « Souvenirs étranges » et aller se coucher après avoir rêvé, comble de désynchronisation. Mais au réveil, la frontière entre rêves et songes d’une nuit d’été était devenue confuse. Je rêvais d’un autre monde, je marchais les yeux fermés, je ne sentais plus mes pieds ! Un dernier vers pour la route ? Ah, la raie immobile… 
«12345»