1. Rencontre au sommet (2)


    Datte: 20/05/2018, Catégories: Divers, Auteur: Doogy Woogy, Source: Xstory

    ... passer par la crête (ah, pour ceux et celles qui n’imagineraient pas ce qu’est un chemin de crête, c’est un sentier large d’une vingtaine de centimètres, de terre et de cailloux avec de part et d’autre le vide – enfin, une pente abrupte) la miss fit un blocage.
    
    Certes, elle avait copieusement déjeuné d’une biscotte et d’une demi-tasse de thé, mais tout le monde fut d’accord pour dire que, si elle avait dû faire demi-tour dans un endroit qui ne lui posait aucun problème, elle, la fille d’un couple d’amoureux de la montagne qui l’emmenait grimper le pic du Midi d’Ossau alors que son âge s’écrivait encore avec un seul chiffre, il y avait une dimension symbolique à son refus devant l’obstacle.
    
    Elle entendit encore moult plaisanteries. Puisqu’elle était avec nous, elle pouvait rester, trinquer et festoyer encore et encore. Cela ne nous empêchait cependant pas de passer en revue toutes les solutions possibles. Il y avait un autre chemin direct – enfin, partant directement dans la direction du parking où se trouvait sa voiture – mais il demandait quatre heures de marche, et après ce qui s’était passé, il n’était pas assuré qu’elle ne refasse pas un blocage à certains endroits. Et la lumière vint de celui qui était jusqu’à présent le moins sérieux. Quand vous ne connaissez pas le coin, vous évitez de dire des conneries en voulant être sérieux et laissez faire les spécialistes. Mais comme les spécialistes pataugeaient…
    
    Puisque nous étions montés la veille en une heure et ...
    ... demie, descendre ne pouvait être que plus rapide. La voiture de Marc était garée en bas, et de là, en quelques minutes et un coup de bagnole, Céline se retrouverait dans le bon sens, ni épuisée par un crapahutage au pas de course ni stressée par un chrono qui la piquerait aux fesses, et ainsi prête à entrer dans le monde pourri des couples.
    
    Il restait encore une dernière possibilité de rater le mariage. Rien de fatigant ou compliqué en soi ; c’était juste une question qui se jouait au 50/50. Si Marc avait gardé la clé de sa caisse dans sa poche, le plan tombait à l’eau. Parce que Marc et moi sommes des gens responsables, Monsieur ! Nous n’allions pas prendre deux voitures pour faire deux cents kilomètres tout seul chacun dans son véhicule ; non, nous ne sommes pas des pollueurs, nous ! Et puis si je pouvais pioncer au lieu de conduire, sans compter les économies…
    
    La logique voulait que Marc ait laissée la clé ; pourquoi s’alourdir d’un objet inutile quand on joue les aventuriers ? Non, on s’allège dans ces cas-là, d’autant plus qu’il devait garder le teint frais : il ne saurait séduire Adeline avec l’œil hagard d’un quelconque poisson trépané.
    
    J’ouvris religieusement le sac de Marc, et – ô joie ! – la clé salvatrice apparut. Instant de recueillement, les mains jointes et regard implorant car il restait à espérer que sa bagnole ne soit pas équipée d’un coupe-circuit ou qu’un code soit nécessaire pour démarrer.
    
    Nous voilà, Céline et moi sur le chemin qui la remettrait ...
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