1. Le quartier à la lumière rouge


    Datte: 18/05/2018, Catégories: fh, prost, sexshop, hotel, miroir, init, nostalgie, Auteur: Julien Mar, Source: Revebebe

    ... de retourner chez moi en restant dans un état second, comme une légère ivresse. Les gens autour de moi n’avaient plus trop d’importance, je ne faisais plus attention aux bruits extérieurs. Elle m’avait soulagé bien plus qu’au sens physique. Elle avait apaisé mes pensées.
    
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    Mes deux expériences pouvaient donc se résumer à la froideur d’une professionnelle et la sensualité touchante d’une occasionnelle. J’en avais parlé à Martina qui connaît trop bien ma curiosité pour la vie en général pour ne pas s’en offusquer. Depuis, j’avais eu encore plus de respect et de tendresse pour ces femmes qui vendent leur corps que j’en avais avant.
    
    Vous allez trouver tout ça facile : le client qui profite de ces femmes en y mettant ce qu’il faut de bons sentiments et de respect pour envelopper le tout. Vous aurez raison : je ne prétends pas être meilleur qu’un autre. J’ai goûté à ces plaisirs par curiosité la première fois il est vrai, presque par hasard la seconde.
    
    De ces journées que je passais dans ce quartier de Francfort, je cherchais à retrouver cette atmosphère que les peintres expressionnistes avaient donnée à leurs œuvres. Quête inutile ; ce monde avait disparu il y a bien longtemps. Tout était devenu plus dur : les macs traditionnels avaient été remplacés par la mafia des Balkans ou de Bulgarie, la drogue avait décimé le milieu de Hamburg dans les années 90. Le SIDA était apparu et les recettes s’étaient effondrées. Il fallait bien diversifier ...
    ... le business. La cocaïne a remplacé en partie les filles, mais avec elle, c’est surtout la violence et les règlements de comptes qui sont venus, alors que le milieu était jusque là réputé régler ses petits problèmes entre gens louches certes, mais avec un minimum de compréhension pour le business de l’autre.
    
    Ces lieux, il faut les aborder à différents moments de la journée. Certes, c’est la nuit que cette faune est la plus active, là où les filles ramassent le plus de blé ; mais je voulais aussi la voir à d’autres moments de la journée. Je fréquentais alors les bars et les petites adresses où l’on pouvait manger afin d’observer la population de ce quartier. Ce qui me frappait, c’était l’hétérogénéité de ce que j’y trouvais : c’était un monde en miniature où le costard-cravate venait chercher ses nouilles asiatiques à côté du migrant un peu paumé, les policiers qui entretenaient leurs relations avec les commerçants en discutant brièvement avec eux, le travelo seul sur son tabouret de bar à siroter un jus d’orange, le petit groupe de prostituées qui grignotait une assiette de viande à kebab, ou l’ouvrier dans son bleu de travail qui lisait son journal en serbe sans se préoccuper de ce qui se passait autour de lui.
    
    Un soir, j’étais tombé sur un groupe de Japonais qui faisaient une visite. J’avais voulu les suivre, pour voir leur réaction. Ils regardaient les façades des bordels et des sex-shops avec le même air que s’ils voyaient une banque ou une compagnie d’assurances. Ils ...