1. Une lueur dans les ténèbres...


    Datte: 18/05/2018, Catégories: fh, jeunes, médical, uniforme, amour, massage, Oral pénétratio, historique, Auteur: Sofie, Source: Revebebe

    Il pleut. Rien d’étonnant. Il pleut continuellement depuis une semaine. De toute façon, j’ai bien trop de travail pour sortir et puis pour quoi faire ? Que peut-on faire lorsque l’on est infirmière, tout près des premières lignes avec un flot incessant de blessés et d’obus qui passent de plus en plus près des civières et du centre de soins ?
    
    Chaque jour est identique au précédent, avec comme seul changement un détachement grandissant devant tant d’horreurs issues de mon quotidien. Je ne compte plus les blessés, les mourants, les amputés. Je n’ai plus d’émotions devant un homme en pleurs conscient de sa fin proche ou sachant avant même l’avis des médecins, le verdict concernant sa jambe ou son bras.
    
    Il faut sans cesse éponger un soldat fiévreux, faire un nouveau pansement à l’un, administrer une dose de calmants à l’autre. Enfin… quand on a des calmants. On écoute bien sûr leurs mots, on leur décoche un sourire, un geste tendre, mais l’émotion est feinte. Le cœur n’y est plus. Le cœur n’est plus présent depuis longtemps dans ce méandre de bruits, d’odeurs et de morts. Quel âge a-t-il ? Marié, papa ou fils unique ? Ces questions ne se posent plus, elles s’évitent, même…
    
    Ah voici, le facteur militaire amenant les lettres aux soldats de tous rangs. On les confie toujours aux infirmières pour les distribuer. En effet, nous les trions d’abord un tas pour les blessés puis un autre pour ceux qui ne sont pas dans nos rangs et enfin un dernier. Celui qui paraît de plus en ...
    ... plus grand, celui des hommes qui ont eu moins de chance que les autres. Ces lettres seront renvoyées à l’arrière des lignes et leurs expéditeurs pour seules réponses auront une lettre formelle de la Nation, fière de son héros.
    
    Comme tous les matins, j’attends cette petite pause dans l’enfer du quotidien. C’est l’occasion de sortir de l’infirmerie et surtout de parler un peu avec le facteur et surtout le soldat qui l’accompagne, Antoine.
    
    Tous les jours c’est le même rituel, un classique chez les militaires. Le facteur me transmet la sacoche de lettres et je suis sous l’escorte de Antoine, pour qu’il m’accompagne vers les secondes lignes. Le temps du trajet entre les lignes arrières et la seconde, Antoine et moi discutons un peu de tout et de rien, c’est notre moment de liberté. On essaye d’oublier toutes les horreurs que nous voyons sans cesse. Même si cela est difficile, car Antoine ne lâche pas un instant son fusil et les convois de soldats et d’armes ne cessent de nous doubler à vive allure dans un vacarme lourd et parfois effrayant.
    
    Le soldat Antoine et moi discutons ainsi depuis quelques mois. On commence à bien se connaître et je crois que nous apprécions le fait que nous nous voyons régulièrement. En plus aujourd’hui, j’ai hâte de lui annoncer que j’ai obtenu une permission d’une semaine pour retourner vers les lignes arrières. Pouvoir échanger de cette manière, avoir une forme d’échange avec quelqu’un est chose rare, car dans les tranchées les contacts sont assez ...
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