La loi du talion
Datte: 15/05/2018,
Catégories:
vengeance,
nonéro,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... à gravir les marches.
– Non, répondit-il avec malice. Je suis inscrit en tant qu’adulte ; je ne passe plus les examens. J’ai déjà eu mon diplôme, il y a quelques années…
Liana resta silencieuse un moment.
– Je me disais bien que vous aviez l’air trop vieux pour le diplôme de fin d’année, dit-elle.
– J’espère bien ! J’ai tout de même vingt-deux ans… se moqua Matthias.
Elle n’insista pas. Ils arrivèrent en silence au dernier étage. Matthias alluma le couloir, déverrouilla la porte menant au secrétariat, et précéda Liana jusqu’à la salle de la photocopieuse.
La voix du directeur criant dans le micro leur parvenait d’en bas si assourdie qu’on ne comprenait pas un traître mot de ce qu’il disait. Parfois, un bruit lointain d’applaudissements se faisait entendre. Liana suivait Matthias, mais n’en menait pas large. Elle dut admettre en son for intérieur, qu’elle se sentait à nouveau aussi mal à l’aise qu’il y a deux jours, juste avant qu’elle ne rencontre Charles.
Matthias fouillait dans l’armoire à pharmacie quand Liana fut traversée d’une pensée.
– Vous l’avez vu, l’homme qui m’a fait cela ?
Matthias sortit de la bande, des cotons, et de l’alcool à 70 degrés. Puis il fixa la jeune fille avec désinvolture.
– Un grand type, un peu chauve ? Oui, je l’ai vu.
– Pourquoi n’avoir rien dit ? s’étonna Liana.
– On ne m’a rien demandé.
L’argument paraissait aussi convaincant qu’une plaidoirie d’académicien sur la vie des poissons rouges. Liana garda le ...
... silence ; elle trouvait sa réponse peu concluante. Matthias versa de l’alcool sur le coton, et elle lui tendit son bras. Elle tressaillit au contact froid du coton imbibé, mais ne dit rien. Il finit de nettoyer sa plaie en silence.
Elle le regarda attentivement. Il avait vraiment des yeux magnifiques, et une figure tout à fait charmante. Elle ne put s’empêcher de la comparer en pensée à celle de M. Tomaze. L’écrivain avait un visage qui avait une histoire. Les traits de Matthias, au contraire, semblaient aussi innocents que ceux d’un bébé. Un bébé sans passé, sans soucis, sans douleurs. Le visage frais et intact d’un homme satisfait d’être en vie.
– Un homme à moitié chauve ? C’est cela ? reprit Liana.
– Oui…
– Vous avez vu comment il m’a… fait ça ?
Matthias haussa distraitement les épaules, entoura son biceps de la bande, et serra très fort. Liana grimaça sous la violence de la douleur.
– Excusez-moi, dit-il en levant rapidement les yeux sur elle. Et non, je n’ai rien vu qui puisse ressembler à une arme…
Liana pensait au prénommé Charles. Le coup venait-il de lui ? Le vague portrait-robot fait par Matthias pouvait s’appliquer à lui ; comme il pouvait s’appliquer à des centaines de personnes, bien entendu…
– C’était sûrement un accident, dit Liana d’une voix posée. Un élève devait tenir son archet du mauvais côté, et il m’a heurtée, c’est tout…
– Hum. Oui, peut-être, admit Matthias.
Mais il n’avait pas l’air convaincu. Liana l’étudia entre ses ...