Coralie et Élodie
Datte: 05/06/2021,
Catégories:
ff,
fff,
portrait,
Auteur: Ortrud, Source: Revebebe
Élodie.
Dix-sept heures trente, les rues sont bondées, les magasins débordent sur les trottoirs, et les badauds s’endettent un peu plus pour acheter des objets inutiles ou renforcer leur aspect extérieur au détriment de ce qui les habite. Comme ils ont l’air vides, et pourtant ils sont pressés, incapables d’un sourire, d’une démarche lente, sauf les gens âgés qui en sont réduits à marcher sur les bords.
C’est bien de venir à Paris quelques jours, s’immerger dans la musique surtout, endosser l’indifférence, se ficher complètement de ce qui se passe et ne penser qu’à sa petite béatitude. Peut-être est-ce d’ailleurs le sentiment commun ici.
Qui est le drôle de bonhomme qui a vanté les Parisiennes ?
Dans cet océan de gris et de bleu déclinés sous toutes les nuances, c’est vrai qu’on remarque vite la femme élégante, en tâchant d’oublier l’adolescente à peine vêtue, les hordes de jeunes à casquette orientable et les quelques minettes qui vous jettent un regard trouble, tout string dehors. Méfiez-vous, jeunes femmes, que les garçons ne préfèrent bientôt deux beaux yeux entourés d’un voile pudique aux jeans destinés à laisser voir votre culotte.
Elles me plaisent, ces petites musulmanes. Je sais que leur sort n’est pas toujours enviable et qu’elles deviennent souvent des outres à enfants, mais je ne peux pas m’empêcher, à travers leur réserve, de retrouver le charme exotique connu une fois avec une jeune Marocaine.
Le café est uniformément italien, le thé servi ...
... avec mépris par des garçons impolis et dédaigneux, ce qui va ensemble, mais il fait beau et une apparition se produit. Mes yeux figent mon visage sur cette silhouette balancée, négligente, un peu hautaine. Coralie !
Son regard me balaie, s’évade, réfléchit le doute, revient, je me lève, ça y est, nous sommes ensemble. Elle sent bon, a gardé une pointe d’accent, nous avons le même âge, j’ai l’air de ce que je suis, elle ressemble à… à quoi au fait ? Un peu bourgeoise, un peu bohème, pas du tout la fonctionnaire des Finances qu’elle est.
Célibataire, désinvolte, elle s’inquiète de moi, je me rapproche d’elle pour mieux recevoir son parfum. Jamais je ne l’avais vue aussi féminine, elle qui accrochait partout des photos de femmes nues et portait son lesbianisme militant comme un étendard. Non, elle n’a pas changé de mœurs, elle a changé de monde.
Chez elle, je la retrouve, murs blancs, mobilier réduit, des taches de couleur, du bois d’ébénisterie, rien d’industriel, donc de l’argent, voyons, un chef de bureau au Ministère, oui, elle doit tourner dans les 3 000 euros, et l’appartement ?
Il faut m’expliquer, elle le fait en tournant autour des mots et ne s’enhardit que lorsqu’elle sent que j’adhère à la cohérence de ses explications…
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Coralie.
Je suis une femme entretenue et payée, non, je ne suis pas une pute, enfin, oui, peut-être on peut le traduire comme ça, il ne me manque que le trottoir, mais je n’ai que des clientes. Non, non, ne te méprends ...