1. rioriM


    Datte: 14/05/2018, Catégories: frousses, nopéné, nonéro, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Radagast, Source: Revebebe

    ... froid, je prends une grande inspiration, je ferme les yeux et j’avance. D’abord le silence absolu, la sensation d’entrer dans un liquide onctueux, épais. Je panique un peu, car j’étouffe.
    
    ooOOoo
    
    — Tu en as mis du temps.
    — Hein ?
    
    J’ouvre les yeux et je respire un grand coup. Une odeur d’humidité, de poussière, de moisi envahit mes narines.
    
    À ma droite se tient mon alter ego. Étonnant de se voiren vrai.
    
    Elle est devant moi, plus belle que son reflet, plus belle que toutes les femmes que j’ai pu admirer.
    
    — Je ne sais comment vous remercier, c’est la première fois depuis je sais combien d’années que je parle à quelqu’un, à une vraie personne, pas à un reflet.
    
    La jolie jeune femme rousse fond en larmes en me disant cela. Elle a la voix légèrement éraillée.
    
    Je reste immobile, abasourdi.
    
    — Vous êtes le seul à ne pas être devenu fou ou à vous suicider.
    — Je ne sais pas encore si je ne suis pas mort, ou en train de rêver que je deviens fou.
    
    Mon double me flanque un coup de pied au cul.
    
    — Tu ne rêves pas, tu n’es pas mort.
    — Venez, m’invite-t-elle.
    
    Elle m’entraîne à sa suite dans le dédale de pièces, les mêmes pièces que de l’autre côté. Cependant tout y est délabré, humide, les tapisseries se décollent, les rideaux tombent en lambeaux, des toiles d’araignées décorent les angles des murs et le plafond.
    
    — Vous voyez la maison telle qu’elle devrait être, celle où vous habitez n’est qu’une illusion.
    — Je crains de ne pas bien saisir.
    — Vous ...
    ... êtes écrivain, vous avez l’esprit ouvert, vous devriez comprendre mon histoire.
    
    Elle tousse un peu.
    
    — Désolée, il y a tellement longtemps que je n’ai pas parlé, ma voix s’est cassée.
    
    Le vingt août mille-huit-cent quatre-vingt-deux, je partais à la rencontre de mon père pour lui dire de se hâter, un ouvrier venait d’arriver blessé au cabinet.
    
    Je conduisais un petit phaéton tiré par ma jument blanche lorsque cet individu qui se fait appeler Colonel de Marval apparut devant nous. Par je ne sais quelle étrange opération, je me retrouvai enfermée chez lui.
    
    Je sais que vous allez avoir des difficultés à me croire, Marval est un sorcier, il pratique la magie noire. Par quelques ignobles sortilèges, il sépara mon esprit de mon corps. Mon esprit se trouve ici, derrière ce miroir, mon corps dans cette maison, enfermé je ne sais où. Si je ne me soumets pas à lui, les deux ne seront jamais réunis, vouée à errer dans ces limbes pour l’éternité, il veut que ses victimes soient consentantes. Je déteste me soumettre à qui que ce soit, alors surtout pas à lui.
    
    Une question me brûle les lèvres.
    
    — Vous parlez de lui au présent, il est toujours… vivant ?
    — Oui et non, il dort et attend ma reddition, au moindre geste de ma part, au moindre fait nouveau, il s’éveillera, si quelqu’un touche mon corps, il s’éveillera.
    — Que puis-je faire pour vous venir en aide.
    — Retrouvez mon corps, amenez-le devant le miroir, puis revenez me chercher, aidez-moi à traverser la glace, à ...
«12...8910...15»