1. rioriM


    Datte: 14/05/2018, Catégories: frousses, nopéné, nonéro, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Radagast, Source: Revebebe

    ... prix est attractif.
    — Justement…
    
    Il me fait un sourire mystérieux
    
    — Pierrot, le petit le trouve bien le manoir.
    — Dira pas ça dans quêques mois. Raconte-lui René.
    
    Pierrot, le patron hirsute, barbu et bedonnant me jette un regard désabusé.
    
    — Y’aurait une embrouille ? demandai-je à la cantonade.
    
    Ils commencent à m’inquiéter ces ancêtres. Je crains de m’être fait arnaquer. Une partie des droits d’auteur de mon dernier roman sont passés dans cet achat, il me reste de quoi vivre, mais pas de quoi faire des folies.
    
    — C’est une longue histoire, soupire René en regardant son verre vide.
    
    Je me tourne vers Pierrot, le patron, et lui fais signe de remettre un petit jaune et une bière.
    
    En attendant la commande, René se roule une cigarette. Il passe une langue épaisse et gluante sur le papier. Je comprends la couleur jaune de sa barbe.
    
    Avant d’être fumé, ce bidule ressemble déjà à un mégot. Je lui allume la clope avec un Zippo orné d’un aigle.
    
    — Beau briquet, petit.
    — Il m’a été offert par un ami, un Indien aux États-Unis.
    — T’as visité du pays, dis donc !
    — Alors ce manoir ?
    
    Il boit une gorgée de pastis.
    
    — Je tiens cette histoire de mon grand-père qui la tenait de son grand-père. Ta maison a été construite en mil huit cent quatre-vingts. À cette époque le village était beaucoup plus peuplé, c’était une belle petite ville que Saint-Planté-sur-la-Verge. On avait oublié la défaite de Sedan, on pansait les blessures de la guerre.
    
    Tu y trouvais ...
    ... des commerces, des scieries, des artisans, une gare de voyageurs et de marchandises. Une pharmacie et un médecin, le Dr Thoiron. Bien brave homme que ce toubib. Il avait fait la campagne d’Italie, en mil huit cent cinquante-neuf, puis servi lors de la guerre franco-prussienne. Il en avait marre de voir la mort. Il vint s’installer ici, avec sa femme et sa fille.
    
    Puis arriva l’Autre, l’Inconnu, venu d’on ne savait où. Un homme de cinquante ans peut-être, beau parleur, riche comme Crésus. Il arrosa d’or toute la région. Il se nommait, paraît-il, Colonel de Marval.
    
    Il décida d’acheter un terrain et d’y construire une maison. Il embaucha maçons, charpentiers, couvreurs. Il y fit même installer le gaz. Les plombiers expliquèrent qu’il y avait deux salles de bain, alors que les gens du coin se lavaient dans un baquet !
    
    Pas besoin d’architecte, il avait les plans dans le crâne. Il ne lésina pas sur la qualité.
    
    C’est lors de la construction qu’il la rencontra. Mathilde, belle comme une déesse, dix-sept ans, rousse aux yeux d’ambre, fine et délicate.
    
    Mathilde Thoiron, la fille du Docteur.
    
    Sur ce chantier, les accidents ne se comptaient plus. La jeune fille voulait devenir médecin, une hérésie à l’époque, mais le docteur l’emmenait souvent en consultation. Il ne désespérait pas d’en faire au moins une infirmière. Elle aidait son père lors d’accouchements, suturait des plaies.
    
    Ce jour-là un charpentier s’était cassé le bras. Son père réduisait la fracture, elle ...
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