Les saisons d'une vie (4)
Datte: 18/05/2021,
Catégories:
Partouze / Groupe
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... bon endroit, au bon moment, n’est-ce pas ?
— Tu as raison. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas apprécié notre… nos jeux. Mais je ne serai jamais exclusive comme toi.
Une sorte de vague est passée dans les prunelles de la secrétaire de Michel. Un zeste de dépit, comme si elle espérait plus que ce je ne pouvais lui offrir. Je me suis précipitée sur mes vêtements, refusant l’invitation à prendre une douche commune. Et le frais de la nuit me surprend alors que je regagne ma voiture. Traverser la ville est plus aisé à cette heure tardive. Les voitures sont rares et la voie est dégagée. Le gravier de l’allée crisse sous mes roues alors que derrière moi se referment les vantaux du portail électrique.
Le nid est lugubre. Je fais quelques pas sur la pelouse et l’eau sombre du lac ne reflète rien d’autre que le sombre d’un ciel nuageux. Une brise légère achève de me geler pour de bon et pourtant… nous n’avons pas encore vu mourir l’été. Pourquoi ai-je aussi mal ? J’entrevois la fin d’une belle époque. L’aventure commencée quelque vingt années plutôt se dilue dans les frisotis d’un vent que j’ai provoqué par ma bêtise. De ma journée, je ne retiendrai que le fait que l’amour n’aura plus le même gout sans ce qui en faisait le sel.
Michel… tu me manques, Michel… je t’aime encore tellement. Reste l’eau tiède de la douche. Mais avant celle-là, je me dévêts, là sur ce ponton qui ne sert plus au mouillage de ta barque. Et je plonge rapidement, crevant la surface glauque de ce ...
... qui faisait notre fierté. Notre piscine immense m’entoure et des milliers de picotements englobent mon corps chaud. La chair de poule est immédiate et ce ne sont pas les mouvements d’une brasse obligatoire qui vont y changer quoi que ce soit. Le malaise n’est pas autour de moi, il est en moi, il est moi !
Combien de temps suis-je restée dans cette baignoire à ciel ouvert ? Longtemps je pense, jusqu’à en avoir mal aux muscles des bras et des jambes. Lentement, je suis revenue sur la berge. J’aurais aimé que tu sois là Michel, avec ton sourire, et la serviette que vivement tu aurais posée sur mes épaules. Et dans le train de mes souvenirs, j’entends comme un murmure… une voix, la tienne, qui me susurre…
— Ne prends pas froid ! Je t’aime Claude !
— oooOOooo —
— Signez ici, là et là !
Ma vue embuée par les larmes suit le doigt qui montre les endroits où je dois parapher les documents. Ma mine est défaite, tout comme cette union qui vient d’être dissoute par un simple jugement du tribunal. C’est ensuite au tour de Michel de prendre en main le stylo. Sa patte n’est guère plus assurée que celle avec laquelle j’ai signé le document. Il lève le regard vers moi et lui aussi a des larmes qui sont prêtes à jaillir. Enfin, il détourne les quinquets pour se plonger dans l’oubli d’un sceau qui va définitivement tuer notre mariage.
Puis le long corridor qui nous ramène à la lumière de la rue. Je traverse le hall des pas perdus avec Michel sur mes talons. Je n’ose même pas ...