1. Mon patron, cet abruti (4 / 7)


    Datte: 10/05/2021, Catégories: nonéro, Humour policier, aventure, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... constate-t-elle.
    — Oui. Poppy est plutôt grande.
    — Poppy ?
    — Pauline. C’est son surnom. Tu verras, elle est sympa.
    — Elle rentre quand ?
    — Ce soir.
    — Je serai partie. Je vais pas m’imposer.
    — Et tu veux aller où ? Chez toi ? Ils savent où c’est, je suppose !
    
    Elle se mordille la lèvre.
    
    — C’est vrai.
    — Et ici ! Ici aussi, ils peuvent venir !
    — Oui. Il faut se méfier. Comme tu as disparu aussi, ils feront sans doute le rapprochement, surtout que tu as claironné au téléphone qu’on était ici, alors… On ne peut faire confiance à personne, tu comprends ? Peut-être qu’ils ont tout un réseau, et…
    — Tu forces pas un peu, là ? Tu te fais un cinéma.
    — Tu ne les connais pas ! T’as bien vu avec ta voiture, non ?
    
    Je pense à ma Renault, emboutie à l’arrière, endommagée à l’avant, et avec deux vitres latérales pulvérisées. Les temps ont été durs pour elle.
    
    — Je me demande qui va payer la note, tiens !
    
    Je suis contente d’avoir glissé la question dans la conversation, et vois Cheryl qui ouvre la bouche pour répondre, mais à ce moment le carillon de l’entrée se fait entendre.
    
    — T’attends quelqu’un ?
    — Non, dis-je en allant vers la porte.
    — N’ouvre pas !
    — Mais non !
    
    Je regarde par l’œilleton, au moment où on sonne à nouveau.
    
    — C’est Darville ! dis-je en me tournant vers Cheryl.
    — Merde !
    — Il est dans le coup ?
    — Je te crois ! Il faut se tirer d’ici ! Et en vitesse !
    
    Je n’ai pas spécialement envie de me tirer en vitesse, mais je n’ai pas non plus une ...
    ... folle envie de parler à Darville ; et encore moins s’il a des intentions malsaines ! Je l’entends qui cogne à la porte et la secoue pour essayer de l’ouvrir.
    
    — Il y a une autre issue ?
    — Non, dis-je.
    — C’est malin !
    — Désolé. Mon appartement n’est pas prévu pour Mata-Hari !
    — Un balcon ?
    — Troisième étage, je te le rappelle. Tu veux sauter ?
    — Crotte !
    
    On insiste. Des coups résonnent sur le battant.
    
    — Je compte jusque trois, dit Cheryl, puis tu ouvres d’un coup.
    — Tu vas faire quoi ?
    — T’occupe ! dit-elle en prenant une statuette en bronze, figurant un chat assis.
    — Hé ! Mon chat !
    — T’en fais pas. Je compte : un… deux… et trois !
    
    Je tire le verrou et ouvre d’un coup. Cheryl fonce, au moment où Darville, surpris, s’encadre dans l’ouverture.
    
    — Bonjour ! dit ma collègue en balançant un coup de chat de bronze sur le front du visiteur.
    
    Darville s’effondre, sonné. Il essaie de se redresser, mais ne sait apparemment plus où il est, et retombe assis, adossé au mur du couloir.
    
    — On se tire ! ordonne Cheryl.
    — Tu l’as tué !
    — Mais non ! Il est solide, cet abruti ! Filons !
    — Mais… il saigne !
    — Et toi ? Tu saignes jamais ?
    — Si, mais…
    — Tu vois ? Et pourtant t’es pas morte !
    
    Elle veut démarrer vers les escaliers, mais à ce moment Devreux, le concierge, surgit en trombe dans le couloir et se précipite vers nous.
    
    — Merde !
    
    Elle fait demi-tour et moi aussi, et on reflue dans l’appartement en essayant de fermer la porte, mais le concierge se ...
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