Mon patron, cet abruti (4 / 7)
Datte: 10/05/2021,
Catégories:
nonéro,
Humour
policier,
aventure,
Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe
... semble que tu me dois quelques explications, non ?
— En effet, concède ma collègue par-dessus le breuvage fumant. Que veux-tu savoir ?
— Ce que je veux ? Mais… mais tout !
— Comme de juste.
— Ben, oui. Je te sors de la merde, et…
— OK, t’énerve pas.
Elle en profite pour déposer sa tasse encore à moitié pleine. Souffrirait-elle d’un ulcère à l’estomac ?
— Écoute, j’hésite, parce que… parce que c’est dangereux, et…
— Dangereux ? J’ai remarqué, oui !
— Mais si je te dis tout, ça risque d’être encore plus dangereux pour toi. Après tout, tu n’y es pour rien.
— Arrête les mystères, tu veux ?
— Tu veux vraiment ?
— Tu veux vraiment que je t’aide ?
Elle soupire.
— Bon. C’est une histoire… d’espionnage.
— D’espionnage ?
— Oui. C’est pour ça qu’on en veut à ma santé.
— T’es une espionne ?
— Mais non ! dit-elle en riant. C’est juste que… j’ai découvert certaines choses… presque par hasard.
— Et ?
— Et… et quand quelqu’un sait des choses qu’il ne devrait pas savoir, on fait quoi ?
— On le fait taire !
— Voilà ! Alors… si je te dis ce que je sais, tu vas savoir aussi, et ils voudront aussi te faire taire.
— Qui ça, « ils » ?
— Eh bien… Devreux… et les autres !
— Quels autres ?
— Tu es sûre que tu veux toujours savoir ?
Elle commence à m’agacer, avec ses mystères et ses atermoiements !
— Cheryl ! Je sais que je suis blonde, mais quand même ! Maintenant que celui qui te poursuivait sait qu’on s’est tirées ensemble, il va de toute façon penser que je ...
... suis au courant, non ?
Là, je sens que j’ai marqué un point. Elle tend la main vers sa tasse, mais se ravise aussitôt.
— Oui, t’as raison. Voilà : j’ai mis le nez dans une sombre histoire de copie de documents secrets. Je ne sais pas comment ils s’y prennent, mais ils se servent des modes d’emploi en russe, et…
— Les modes d’emploi en russe ?
— Ben… oui. C’est vrai que tu n’as pas bossé là-dessus, toi.
— Excuse-moi, je viens d’arriver.
— Devreux et ses complices font transiter des infos via des modes d’emploi traduits en russe. Et c’est ça que j’ai découvert.
— C’est pour ça qu’ils te courent après ?
— Exact.
Je regarde les deux clés USB.
— Et les preuves sont là-dedans ?
— Heu… ben oui, voilà ! Alors c’est pour ça qu’ils me traquent : ils veulent les reprendre et me faire taire.
— Rien que ça ? Et il y a quoi, là-dessus ? Je peux voir ?
— C’est du russe, tu sais.
— Je lis très bien le russe, t’en fais pas !
— Oui… oui… je sais… mais c’est codé, tu penses bien !
— Si c’est codé, comment tu sais que…
— Mais parce que c’est codé, justement ! s’emporte Cheryl. Si c’était pas codé, ce serait des modes d’emploi comme les autres !
— T’énerve pas ! J’ai compris ! C’est pas parce que je suis blonde que…
— Ouais, ça va !
— N’empêche que j’aimerais bien voir à quoi ça ressemble, dis-je en tendant la main.
— Non ! coupe Cheryl en s’emparant des deux petites clés. Moins on mettra le nez là-dedans, mieux ça vaudra. Ce qu’il faudrait, c’est mettre ça en lieu ...