1. Mon patron, cet abruti (4 / 7)


    Datte: 10/05/2021, Catégories: nonéro, Humour policier, aventure, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    Résumé du chapitre précédent.
    
    Cette fois, je suis fixée : si Hubert Darville se montre soudain plus agréable, c’est parce qu’il n’est qu’un cinglé doublé d’un pervers, qui fantasme sur les blondes pulpeuses dans mon genre, comme me l’avait annoncé ma collègue Cheryl ! Comment reprendre sans arrière-pensée le chemin du travail, après la scène brûlante vécue la veille au soir ?
    
    Vendredi 12 septembre (Première partie).
    
    Après une mauvaise nuit, au cours de laquelle je n’ai pas réussi à dormir plus d’une heure ou deux, j’arrive chez Darville Printing sans le moindre retard, les tripes nouées à l’idée de rencontrer le concierge ou le patron. Aucun des deux n’est toutefois présent dans le hall d’entrée, où je rencontre uniquement Chantal, la réceptionniste. Je ne m’attarde pas, le mieux étant de filer de suite dans mon bureau. Négligeant l’ascenseur, j’emprunte la voie sportive, imaginant abandonner à chaque marche un peu de ma tension nerveuse à défaut d’une partie de mes kilos excédentaires, et me hâte jusqu’au second. Alors que je débouche dans le couloir en soufflant comme une otarie, je croise madame Demarche, qui me jette un regard peu amène en répondant néanmoins à mon bonjour. Je la vois jeter un coup d’œil à sa montre, et me demande si elle ne va pas se coller des torgnoles pour s’assurer que ma ponctualité n’est pas le fruit d’une hallucination passagère.
    
    Je suis la première arrivée dans le bureau, et suis déjà installée à ma table, PC en marche, lorsque ...
    ... François fait son apparition. Il vient me faire la bise, et la monture de ses bésicles me heurte la tempe. J’essaie de déceler si ses yeux bleus de myope ne cachent pas quelque expression malicieuse, mais je n’y vois qu’un semblant d’hébétude. J’ai vraiment atterri dans une maison de fous !
    
    Seul Axel me semble normal. Un homme heureux, sans histoire, au caractère enjoué, et qui me dit bonjour en souriant et en pensant probablement à la prochaine plaisanterie qu’il va tenter de caser dans la conversation. Il parle d’une petite fête qu’il organise chez lui ce week-end, pour l’anniversaire de son épouse, avec barbecue, musique et tout le toutim, et je formule en moi-même le vœu aimable et sincère qu’il cesse de pleuvoir bien avant lundi.
    
    Vers neuf heures quinze, nous nous inquiétons de l’absence de Cheryl. Elle n’est pourtant pas en congé, et semblait en excellente santé la veille. Un quart d’heure plus tard, madame Demarche débarque dans le bureau, et nous demande si nous avons des nouvelles de notre collègue. Nous nous regardons, perplexes. Axel tente un coup de fil chez elle, puis sur son téléphone portable, mais personne ne répond.
    
    Vers dix heures, François suggère que quelqu’un fasse un saut jusqu’à son appartement, puisque c’est à proximité.
    
    — C’est peut-être pas grave, fait Axel.
    — C’est pas son genre, insiste François. Elle a peut-être eu un accident.
    — En traversant la rue ?
    — Non, mais…
    
    Je glisse mon grain de sel.
    
    — Hier soir, elle a filé en vitesse en ...
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