1. Histoire des libertines (39) : des femmes libres sous la Révolution


    Datte: 07/05/2021, Catégories: A dormir debout, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... Enthousiasmée par le mouvement qui se développe, elle se jette avec passion dans l’arène politique.
    
    EGERIE DES GIRONDINS
    
    Manon Roland accueille dans son salon de nombreux hommes politiques influents. Il est presque inévitable qu’elle-même se retrouve au centre des inspirations politiques et préside un groupe des plus talentueux hommes de progrès. Lieu mondain à la mode, son salon fut l’un des creusets de l’élaboration de la politique girondine.
    
    Grâce à ses relations au sein de la Gironde, Roland devient ministre de l’Intérieur le 23 mars 1792. Le renvoi du ministère girondin par Louis XVI débouchera sur la chute de la monarchie. Roland retrouve son ministère après le 10 août, mais sera impuissant à empêcher les massacres de septembre, que dénonce Manon et dont elle rend responsable Danton. Ses adversaires reprochent à Roland d’être gouverné par sa femme. Lassé, Roland finit par démissionner en janvier 1793.
    
    Mme Roland est sans cesse injuriée et menacée de mort.
    
    MANON FIDELE ?
    
    On a dit que le conventionnel girondin François Buzot (1760-1794), lié à Manon par une passion réciproque, fut l’amant de Mme Roland. Manon Roland serait restée fidèle à son mari, ce « vénérable vieillard » qu’elle chérit « comme un père».
    
    N’ayant de son propre aveu « jamais connu la volupté », Manon se prend pour Buzot d’un amour pathétique, en ce sens que cet amour ne sera, malgré lui, malgré elle, jamais satisfait. En fille de Rousseau, elle ne trouve rien de mieux que de ...
    ... s’ouvrir de ses sentiments à son mari.
    
    Celui-ci, oubliant qu’il a vingt ans de plus qu’elle, prend la chose fort mal, jure de se venger, brandit sa plume, qu’il utilise pour élaborer un pamphlet contre Buzot. Si forte est en elle la violence des sentiments qu’elle s’oublie jusqu’à écrire : « Le vieil oncle est tombé dans un affaissement horrible ; il baisse d’une manière effrayante... Faible, ombrageux, difficile, il trouve cette vie un supplice et la rend telle à ceux qui sont près de lui... » La Némésis révolutionnaire se chargera d’emporter et de balayer les acteurs de ce drame intime.
    
    Jean-Marie Roland aimait à la folie son épouse. Mais cet amour n’allait pas jusqu’à accepter et comprendre la passion qui unissait Manon et François Buzot. Roland, n’était évidemment pas candauliste, et, sur ce plan, même pas rousseauiste.
    
    VICTIME DE LA TERREUR
    
    Lors de la proscription des Girondins, elle ne fuit pas, comme elle aurait pu le faire et comme le font, entre autres, son mari et Buzot. Manon Roland se laisse arrêter le 1er juin 1793. Elle est incarcérée dans la prison de l’Abbaye.
    
    Détachée de la vie, libérée de la présence de son mari, elle ressent son arrestation comme un soulagement qu’elle décrit à Buzot dans une de ces pages de la correspondance passionnée et déchirante qu’ils échangent alors : « Je chéris ces fers où il m’est libre de t’aimer sans partage». Relâchée le 24 juin, pendant une heure, elle est à nouveau arrêtée et placée à Sainte-Pélagie puis transférée à ...
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