Histoire des libertines (39) : des femmes libres sous la Révolution
Datte: 07/05/2021,
Catégories:
A dormir debout,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... Paris, elle se passionne très jeune pour la lecture des philosophes des lumières.
Belle, l’« attitude ferme et gracieuse », le sourire « tendre et séducteur », la fille du graveur a de nombreux soupirants, mais refuse toutes les propositions de mariage.
« Vive, fougueuse, avec sa figure ronde, ses yeux à fleur de tête, mais aimables, caressants, la clarté de son teint, sa bouche un peu forte, ses dents fraîches et bien rangées, elle paraît née pour le pinceau de Fragonard ou de Chardin. Point de beauté, si l’on veut, mais l’air le plus riant, le plus spirituel qui soit, et gracieuse. » (Pierre Bessand-Massenet, « Récits des temps révolutionnaires » 1984)
Mme Roland était une jeune femme de figure vive et enjouée, d’une ravissante fraîcheur de teint, sans vraie beauté, les yeux à fleur de tête, mais très expressive et débordante de vie. « Je ne lui trouvai pas l’élégance aisée d’une Parisienne qu’elle s’attribue dans ses Mémoires, écrit un contemporain. Non qu’elle eût de la gaucherie : ce qui est simple et naturel ne saurait manquer de grâce. Elle réalisait pleinement l’idée que je me faisais de la Julie de Jean-Jacques Rousseau, de la petite fille de Vevey. Et quand je l’entendis, l’illusion fut encore plus complète. » Mme Roland parlait bien, trop bien, d’abondance, souvent avec esprit et finesse, plus souvent avec feu et exaltation. Infatigable liseuse, ayant reçu l’éducation la plus désordonnée qui fût, elle-même confesse qu’à neuf ans elle était passionnée à ...
... ce point pour Plutarque qu’elle l’emportait à l’église au lieu de son missel et qu’à quatorze ans elle pleurait de n’être pas spartiate ou romaine !
UN MARIAGE DE RAISON
En 1780, elle accepte la demande en mariage de de Jean-Marie Roland de La Platière (1734-1793), économiste réputé, d’une grande intelligence, inspecteur du commerce et des manufactures de Picardie. « D’abord il a déplu ; roide, doctoral, sans agrément aucun : un long corps triste et bilieux, à demi chauve, et doué d’une diction « revêche », d’un parler bref, comme un homme à court de souffle. L’habitude aidant, pourtant, la confiance est venue, et puis une sorte d’inclination, que fortifiaient de communs enthousiasmes, une passion mutuelle pour les Romains, la Grèce, l’Antiquité. Ensemble ils lisent, ils travaillent. Déjà elle connaît saint Jérome, Fénelon, Nicole, Pascal, Descartes ; elle entreprend Locke, Burlamaqui... Enfin, comprenant comme il l’aime, elle cède, elle l’épouse. » (Pierre Bessand-Massenet)
La vie conjugale en province n’enchante guère Manon Roland mariée, non par amour, mais plutôt pour échapper à la tutelle de son père. Elle n’éprouve guère que de l’affection pour son mari. En 1781, le couple a une fille, Eudora.
La Révolution, qui l’enflamme d’un ardent patriotisme, lui donne l’occasion de mettre un terme à sa vie terne et monotone. Roland ayant été élu député à la Législative, le couple vient à Paris en décembre 1791, les époux dormant désormais dans une chambre à deux lits. ...