1. Bidasse en croisière


    Datte: 27/04/2021, Catégories: fh, hh, hplusag, prost, forêt, hsoumis, cérébral, revede, init, journal, Humour Auteur: Alexina, Source: Revebebe

    ... vous.
    
    Quelques jours plus tard… la première perm (après trois mois de classe) ! Revenir en France, sans avoir vu l’ombre d’une ébauche d’esquisse de flirt avec les demoiselles autochtones (callipyges ou pas…), ça vous donne les crocs ! Trois mois avec la veuve-poignet pour unique compagne, c’est dur !… puis mou. Le train… sans couchettes… les yeux dans les poches, on débarque à Paris dans une gare indifférente ! Personne ne remarque que vous venez d’affronter les pires épreuves, une montagne escaladée comme un glacier conquis grâce au rêve d’un Olympe peuplé de déesses au doux prénom de… Brigitte ! Tous semblent ignorer que vous faites barrages, là-bas dans votre triste caserne, de vos frêles corps aux potentiels envahisseurs pour protéger leur sécurité… Parisiens inconscients, tellement pressés, l’œil absent, la bouche pincée, pas un sourire, automates d’une fourmilière qui m’étourdit… Où allez-vous ?
    
    Moi je sais où je vais…
    
    Rue Saint-Denis !
    
    La rue Saint-Denis ! Damnée rue ! Damné saint ! J’erre comme un vilain diablotin dans son blanc seing, avec le regard vitreux d’un alcoolique buvant à longs traits les silhouettes qui guettent en sentinelles sous les portes cochères. Les lumières de la nuit s’écrasent sur des ombres qui font vibrer ma chair ; gorges transparentes, presque nues, cuisses de femmes impassibles, minérales… regards d’invite… bruissement de la foule qui ondule, là, comme une vague.
    
    Des grappes humaines s’agglutinent sur le trottoir, sortent ...
    ... des billets pour parier sur le bon gobelet, celui qui cache la boule rouge effacée comme par magie par les mains expertes d’un prestidigitateur dépenaillé… J’ai une boule dans la gorge et j’ai aussi des billets dans ma poche… mais pas pour parier ! Mon ventre se creuse, un trou d’envies, de désirs confus qui me transpercent comme une tarière. Avec le sang qui bat mes tempes et tout le feu qui brûle mes reins, j’ai pris le chemin des femmes qui se louent. Je suis parti des Halles et j’ai remonté toute la rue. En bas, ce sont des femmes un peu grasses, fatiguées, le visage crémé de fards, mais plus on monte, plus elles deviennent diaphanes, aériennes, jolies… J’ai arpenté toute la rue, jusqu’à la porte Saint-Denis.
    
    Et c’est là que je l’ai vue. J’ai eu l’impression de découvrir l’ange de mon enfer… Elle patiente, haute silhouette aux cheveux courts dans un grand manteau de fourrure – fausse, bien sûr ! –… Je suis passé tout près d’elle et j’ai entraperçu ses yeux, des yeux d’un bleu qui fait mal. J’ai respiré très fort et… je me suis réfugié dans un bar ! Je n’osais pas encore l’aborder. Et puis, je voulais ruminer mes songes, J’avais le temps… elle ne s’envolerait pas, je n’aurais pas besoin de lui faire la cour !
    
    Un café, un calva, pour me donner du courage… feu dans l’œsophage ! Pourquoi elle ? Rien à voir avec les autres femmes croisées dans la rue… Elle a, comment dire… quelque chose de fragile et de tremblant à la fois ou alors d’indestructible, de glacé… Je ne sais ...
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