1. Revenir ?


    Datte: 10/05/2018, Catégories: nonéro, aventure, sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... ville dont nous nous étions enfuis.
    
    — Il faut que nous y retournions.
    
    Ma compagne y était vraisemblablement toujours condamnée à mort, et moi-même, dégénéré, criminel, fugitif, je n’y serais évidemment pas le bienvenu.
    
    — C’est la seule chance de sauver les enfants. Il n’y a que là que nous pourrons trouver des médicaments.
    
    Elle avait certainement raison, et leur vie à nos yeux valait bien sûr dix fois les nôtres. Je soupirai. Au cours de mes explorations pourtant parfois très lointaines autour du camp, je n’avais jamais aperçu la moindre autre trace de civilisation que la ville en ruine dont les souvenirs confus revenaient de temps à autre à ma mémoire encore obscurcie. Et vers le nord, vers où l’on estimait la position d’Avila, de hautes montagnes s’érigeaient comme un bouclier menaçant. Ces montagnes qui avaient sans doute permis à la cité de survivre à l’apocalypse presque millénaire.
    
    — Il y a au moins quatre jours de marche, objectai-je, peut-être plus…
    — Peu importe, je ne veux pas rester ici à les regarder s’éteindre.
    
    Ses larmes me retournaient le cœur.
    
    — Je vais rassembler quelques affaires.
    
    ***
    
    Et nous partîmes rapidement, avant le midi du six cent quatre-vingt-troisième jour. Nous portions chacun un enfant contre nous, maintenu par une étoffe passée autour de notre cou et notre taille. Et dans des musettes de fortune sanglées sur le dos, de quoi tenir plusieurs jours : de l’eau dans des récipients pris au laboratoire, du poisson et ...
    ... des algues séchés, d’épaisses pièces cousues de brins de plantes et de feuilles qui nous serviraient à la fois de matelas et de protection contre le froid, et quelques armes et outils légers.
    
    Nous revînmes au bord de la rivière qui nous avait amenés d’Avila, et longeâmes son lit jusqu’à ce qu’il disparaisse souterrain, là où le sol commençait à s’élever pour de bon. Avant le soir, nous gravissions la pente à l’assaut des montagnes. Il n’y avait pas de sentier, et nous devions trouver notre chemin à travers les pierres et les rochers. La halte s’imposa lorsque la luminosité devint trop faible pour que nous puissions continuer d’avancer sans risque ; et nous nous arrêtâmes après avoir découvert un endroit presque plat et parsemé d’agréables touffes d’herbes, où nous pûmes passer la nuit sur nos paillasses.
    
    Alphya semblait aller mieux et parut recouvrer un peu d’énergie, suffisamment pour accepter le sein lorsque Alys voulut l’allaiter. Mais Jilon demeurait faible et apathique et son état nous inquiétait chaque heure davantage.
    
    Nous ne dormîmes évidemment que peu et le petit jour nous trouva déjà en route vers les sommets, dans la direction que nous estimions être celle d’Avila. Ma compagne, qui y était née et y avait toujours vécu, essayait de reconnaître les formes des pics alentour, qui nous apparaissaient désormais plus proches ; mais aucun ne lui était familier. Il nous fallait poursuivre, continuer, avancer, escalader, gravir, franchir les premiers cols qui nous ...
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