1. Revenir ?


    Datte: 10/05/2018, Catégories: nonéro, aventure, sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... surplombaient d’encore au moins mille mètres, et peut-être alors découvririons-nous la ville au loin.
    
    En marchant, je repensais à la chute incroyable que nous avions traversée dans l’obscurité de la montagne, portés par le torrent des eaux polluées qui s’échappaient d’Avila. De quelle hauteur avions-nous pu tomber ? Le temps m’avait paru si long…
    
    ***
    
    Peu à peu, au cours de notre grimpée, nous avions senti la température diminuer, mais à l’altitude où nous nous trouvions désormais, l’air était nettement moins lourd et chaud qu’en bas. Nous avions pris l’habitude de vivre presque nus depuis bientôt deux ans, et remettre des vêtements nous faisait bizarre. Quant aux enfants, ils n’en avaient tout simplement jamais porté, et malgré leur état déplorable, ils savaient nous montrer que ça leur déplaisait d’être recouverts.
    
    Le midi du second jour, nous parvînmes au premier haut col, celui que nous nous étions fixé d’atteindre au cours de la montée. Depuis là, le paysage tout autour de nous était magnifique. Derrière nous, au bas des montagnes, s’étendaient la plaine, désertique et presque aride, et plus loin la large plage et l’eau à perte de vue. On n’apercevait même plus notre campement de fortune, caché vers l’est sur le rivage sous un bosquet de petits arbustes. Vers le sud-ouest se distinguaient nettement les reflets brillants des buildings de verre effondrés de la ville en ruine partiellement recouverte par le sable et la mer.
    
    Et surtout, devant nous, en ...
    ... contre-bas vers le nord-est, blottie dans le creux des montagnes qui l’entouraient : Avila ! La cité fortifiée était loin, et nous avions mal jugé sa position, que j’avais estimée plus au nord. L’espoir nous reprit néanmoins en l’apercevant ; plusieurs petits sommets et autant de fondrières ou de crevasses nous en séparaient encore, mais si tout allait bien, nous y serions sans doute le lendemain.
    
    Alphya et Jilon étaient toujours bouillants, et n’avaient rien tété depuis la veille ; leur état alarmant nous fit hâter le pas. Descendre dans les rochers était difficile, et notre chargement, même s’il s’amenuisait chaque jour, pesait et compliquait notre avancée.
    
    De ce côté-ci du col, sur le versant nord, derrière les pics qui nous ombrageaient, il faisait frais, presque froid. Et pas la moindre trace de vie. Pas même un brin d’herbe ou de mousse. Tandis que nous avancions, je ne cessais de me questionner : comment Avila avait-elle pu survivre au cataclysme qui avait ravagé la vaste cité d’où je venais ? Le relief et ses murailles l’avaient certainement protégée, bien sûr, mais comment cela avait-il pu suffire ?
    
    Nous passâmes une deuxième nuit à dormir difficilement, blottis tous les quatre dans une anfractuosité de roche, au fond d’une déclivité à mi-chemin entre le col et la ville que nous voulions atteindre. Ici, plus bas en altitude, il faisait meilleur, et nous avions enfin retrouvé les sons familiers de l’eau qui ruisselle et des bruissements de divers insectes qui ...
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