1. Luce, bourgeoise adultérine malgré elle (1)


    Datte: 12/04/2021, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Reveevasion, Source: Hds

    ... que quarante ans quand même.
    
    - As-tu déjà consulté un gynécologue ? questionna Hortense sur le ton de celle qui est sûre d'une réponse négative.
    
    - Mais pour quoi faire ? répondit Luce en se doutant avec crainte du terrain où allait l'emmener nécessairement son amie.
    
    Pour toute réponse celle-ci saisit le téléphone et appela son mari dont le cabinet était au rez-de-chaussée :
    
    "Régis quand peux tu prendre madame Saint-Sauveur en consultation ?
    
    Les quelques secondes de silence qui suivirent plongèrent Luce dans une inquiétude proche de la panique. Hortense reposa le combiné avec un sourire triomphant pour lui signifier que son mari venait d'en terminer avec sa dernière patiente et qu'il la prenait de suite avant d'aller à son bridge. Son amie devint toute pâle en protestant que ce n'était pas la peine ; qu'elle n'était pas préparée pour cela ; qu'elle préférait réfléchir ; qu'elle n'allait pas déranger Régis pour si peu ; que c'était impossible aujourd'hui parce que… mais d'un geste péremptoire madame de Joncour effaça ses excuses :
    
    - Allons ma pauvre chérie sois de notre époque, une visite de gynécologue n'est pas une exécution. Allez descends vite le voir ! et elle poussa quasiment son amie vers l'escalier. Pendant la descente de l'escalier, Luce eut la sensation qu'il s'agissait plutôt d'un ascenseur pour l'échafaud où la voix étranglée de la trompette de Miles Davis aurait été remplacée par le seul rythme incertain de ses talons. Au début des années ...
    ... soixante le recours au gynécologue n'était pas encore banalisé et la plupart des femmes étaient terrorisées par la peur de livrer leur intimité aux mains et au regard d'un praticien. De plus si ce médecin était le mari d'une amie qui ne se privait jamais de rendre hommage à leur beauté par des regards passablement appuyés comme c'était le cas avec madame Saint-Sauveur. Cela rendait la perspective d'une telle auscultation insupportable. L'arrivée devant la double porte capitonnée de cuir du cabinet fut une torture pour Luce. Les raisons de fuir se multipliaient : n'avait-elle pas mis des dessous qui risquaient de passer pour une provocation ? Ne s'étant pas changée avant de partir, certaines effluves féminines douteuses n'allaient-t-elles pas se répandre dans le local d'examen ? Connaissant Régis de Joncour pour sa jovialité grossière et son indiscrétion tapageuse, ne lâcherait-il pas des anecdotes dégoutantes sur son intimité à ses comparses masculins ? Se forçant à refuser d'imaginer qu'il puisse profiter de la situation nécessairement troublante, le spectre de cette éventualité la faisait néanmoins tressaillir.
    
    C'est au moment où elle était sur le point de passer devant la porte pour s'enfuir que celle-ci s'ouvrit sur le sourire triomphant du docteur de Joncour.
    
    -C'est ici Luce ! dit-il avec une moue qu'elle sentit moqueuse et qui la pétrifia.
    
    - Oh! vous savez Régis c'est Hortense qui a insisté je ne voulais pas vous déranger pour si peu...
    
    - Allons ! Allons ! Ne soyez ...
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