1. Luce, bourgeoise adultérine malgré elle (1)


    Datte: 12/04/2021, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Reveevasion, Source: Hds

    ... l'instant fatal du clignement de ses paupières. On n'apercevait de ses oreilles dissimulées dans les flammes de sa coiffure que des boucles goutte d'eau perle en argent massif, représentant le seul accessoire aguichant qu'elle se soit permis.
    
    Son mari, après des études calamiteuses, avait pu profiter de la mort providentielle de son père survenue prématurément en 1943 en succédant sans difficultés à son mandat de maire. Ce parcours était tout à fait conforme aux normes acceptées par cette intelligentsia de province. Pourtant, une certaine dérive affairiste avait contribué largement à la réussite politique et financière de Saint-Sauveur. Cela avait engendré des jalousies préjudiciables et avait fait de ce notable une exception mal acceptée par l'aristocratie locale qui, en voyant le maire, devenu député puis sénateur, négliger leurs préoccupations et prérogatives, avaient réduit leurs relations dîtes amicales à une courtoisie de surface aussi mielleuse que fielleuse. Son épouse, à sa façon, dérogeait aussi des canons en vigueur de ce trou préfectoral. La réussite aux origines "douteuses" de son mari avait accentué la haine du regard des autres qui, de méprisant pour celle qui était considérée comme une parvenue issue d'une communauté religieuse tout juste tolérée, aurait usurpé la place de première dame de la ville.
    
    Seule Hortense de Joncour pouvait être considérée comme son amie. Cette femme avait quelques points communs avec Luce. Elle n'avait été épousée que par un ...
    ... coureur de dot à la noblesse douteuse qui avait mis une bonne douzaine d'année à obtenir ses diplômes de gynécologie, spécialité très peu répandue à l'époque. Elle se retrouvait aussi sans enfant après le décès précoce de son fils. Se réfugiant dans une boulimie sucrière dévastatrice elle était devenue obèse très vite. Elle avait trouvé en Luce la seule femme en qui elle put avoir pitié. Les deux épouses sans progéniture et délaissées par leur maris partageaient petits fours et thé lors d'après-midi invariablement sans saveurs. De son côté Luce, en cette année 1960, traversait une très mauvaise passe, elle se sentait flétrir comme une fleur fanée, tout son corps se desséchant au point de ne pouvoir laisser couler la moindre larme. Elle avait perdu l'appétit, ne montait plus à cheval, vaquait à ses obligations sans aucun enthousiasme… C'est ainsi qu'elle osa se confier à son amie Hortense cet après-midi-là sans se douter de l'importance des conséquences que cette conversation allait entraîner.
    
    - Ma pauvre chérie, tu as vu la petite mine que tu traines avec toi depuis quelques temps ?
    
    Hortense adorait les situations qui lui permettaient d'appeler ainsi son amie et faisaient d'elle une victime désignée par le mauvais sort. Et Luce avoua les symptômes qui l'accablaient depuis quelques mois.
    
    - Il ne faudrait pas que déjà tu subisses les outrages de la ménopause, ajouta-telle, avec son goût morbide de l'exagération.
    
    - Crois-tu que ce puisse être le cas à mon âge ? Je n'ai ...
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