1. Luce, bourgeoise adultérine malgré elle (1)


    Datte: 12/04/2021, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Reveevasion, Source: Hds

    Une auscultation bien particulière
    
    Luce Saint-Sauveur avait fait un mariage réussi…
    
    Enfin, une réussite très "conventionnelle" dans cette ville moyenne de préfecture provinciale. Fille unique d'un très riche orfèvre juif, elle avait été la marchandise d'un contrat permettant à sa famille de s'ouvrir les portes de la bourgeoisie locale et à sa belle famille d'écarter les dangers de la faillite financière. Elle accéda ainsi à la position envieuse d'épouse d'Henri, probable successeur de son père, premier magistrat d'une ville aux valeurs et moeurs d'un archaïsme que l'on qualifierait de "désuet" aujourd'hui, mais qui se fondait dans le classicisme du paysage de la hiérarchie sociale de l'époque.
    
    Ce tableau déjà peu reluisant des conditions du mariage de Luce apparaissait quasiment nauséabond si l'on sait que cela s'est passé en 1942 et que Luce, avant d'épouser Henri, se prénommait Rachel. Après un premier refus des Baumann, la famille Saint-Sauveur, forte de solides relations dans les milieux collaborationnistes, avait utilisé ce chantage : la dénonciation ou le mariage. Rachel fut donc baptisée et, devenue Luce, se maria avec Henri Saint-Sauveur. Cela provoqua un véritable séisme dans la malheureuse famille juive : la mère ne survécut pas à son chagrin et le père se referma définitivement dans un mutisme incurable.
    
    Luce fut donc contrainte d'assumer la qualité de première dame de cette société qui avait, entre autres, une particularité bien établie dans le ...
    ... domaine de la séparation des sexes : aux hommes le beau rôle que leur conférait le prestige de leur statut ; aux femmes les responsabilités familiales et les activités subalternes. Aisance financière réelle ou apparente ; professions dites nobles et train de vie aussi clinquant que superficiel ; tels étaient les critères qui comptaient dans ce microcosme tenant le haut du pavé. Les maris étaient tous sortis d'un même moule : professions le plus souvent libérales ; intérêt lointain pour l'éducation de leurs enfants si l'on exceptait l'aîné masculin ; activités sportives ou ludiques dites nobles entre chasse, bridge, golf ou équitation ; adhésion aux clubs services et partis politiques réactionnaires. Ce comportement de surface s'accompagnait d'une vie sexuelle ne s'épanouissant qu'hors du cadre familial. Si la plupart recourait aux services des prostituées, leur réseau de relations libertines s'appuyait sur leur situation avantageuse dans le cadre professionnel, que ce soit parmi les employées ou la clientèle féminine. Tout ceci à l'ombre du partage masculin d'une discrétion entendue et protégée par la cécité ou la résignation plus ou moins volontaire de leurs épouses qui étaient elles seules les dépositaires du devoir sacré de fidélité..
    
    Ces dernières entraient également dans un moule préétabli mais nettement moins avantageux. La petite douzaine de bourgeoises de cette ville se contentait donc d'assurer le confort de la maisonnée en se consacrant à l'éducation des enfants, à la ...
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