1. Histoire des libertines (54) : le saphisme au temps de la Belle Epoque


    Datte: 09/04/2021, Catégories: Entre-nous, Les femmes, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... (1863-1947), mariée et mère d'une fille et d'un fils.
    
    De 14 ans plus âgée que Renée Vivien, Hélène fut sans doute pour elle une seconde mère, car elle lui apportait la sécurité et une ambiance propice au travail. Hélène lui apporte un équilibre émotif et une stabilité bénéfiques à sa création littéraire, tandis qu'elle apporte à la baronne, amoureuse de littérature, une collaboration avec elle sous le pseudonyme collectif de Paule Riversdale. L'attribution réelle de ces ouvrages est incertaine, mais les chercheurs pensent qu'ils ont été écrits uniquement par Renée Vivien ou au minimum en très grande partie par Renée Vivien. Les livres publiés sous le nom d'Hélène de Zuylen seraient, en réalité, dus à sa plume. Bien que la position sociale de la baronne de Zuylen fasse obstacle à une relation publiquement affichée, toutes deux voyagent souvent ensemble et poursuivent une liaison discrète de 1902 jusqu'à 1907.
    
    KERIME, SA MUSE, « LA SULTANE »
    
    Alors qu'elle vit toujours avec Zuylen, Vivien reçoit en 1904 la lettre d'une mystérieuse admiratrice stambouliote, Kérimé Turkhan Pacha (1874-1948), épouse d'un diplomate turc, d'où s'ensuit, quatre ans durant, une correspondance intense, passionnée, suivie de brèves rencontres clandestines.
    
    Kérimé fut éduquée à la française et était une femme extrêmement autonome et libérée. En 1904, elle écrit à Renée Vivien dont elle admire l'œuvre. Les deux femmes entreprennent une correspondance brûlante et passionnée. Elle inspire ...
    ... plusieurs poèmes d'inspiration orientaliste à Vivien, notamment Le Jardin turc (1905-1906), et elle apparaît souvent, apostrophée comme « Ma sultane ». Leur liaison amoureuse sera essentiellement épistolaire, ponctuée par quelques rencontres clandestines.
    
    Kérimé était très cultivée et d’une grande beauté. Toutes deux s’aimaient, mais Kérimé était mariée à un homme de pouvoir. Il lui fut impossible de changer de vie, malgré ses sentiments. Renée Vivien fut cruellement affectée par leur rupture, qui survint en 1908.
    
    LA FIN DE VIE DIFFICILE D’UNE POETE
    
    En 1907, la baronne quitte brusquement Renée pour une autre femme, donnant lieu à toutes sortes de commérages dans la coterie lesbienne de Paris.
    
    Profondément choquée et humiliée, Renée s'enfuit avec sa mère au Japon et à Hawaï, mais tombe sérieusement malade au cours du voyage. Le départ en 1908 de Kérimé pour Saint-Pétersbourg, pour suivre son mari en poste, met un terme à leur liaison, un nouveau coup dur pour Renée. Terriblement affectée par les pertes qu'elle a subies, elle voit s'accélérer la détresse psychologique dans laquelle elle se trouve déjà. Elle s'adonne toujours plus à l'alcool.
    
    Certains ont faire de Renée Vivien une toxicomane, consommatrice de drogues telles que la morphine ou l'opium. Dans une perspective idéologique où l'homosexualité était encore associée à une maladie mentale classée dans les névroses et une damnation religieuse, des auteurs d'ouvrages critiques tels que Martin-Mamy, Le Dantec, Kyriac ...