1. Histoire des libertines (54) : le saphisme au temps de la Belle Epoque


    Datte: 09/04/2021, Catégories: Entre-nous, Les femmes, Auteur: Olga T, Source: Hds

    A travers les personnages de Liane de Pougy (voir « Histoire des libertines (52) : Des libertines de la Belle Epoque », publié le 2 janvier 2020) et celui de Colette (voir « Histoire des libertines (53) : Colette, romancière et scandaleuse », paru le 15 janvier 2020) nous avons déjà souligné une particularité du libertinage à la Belle Epoque : le saphisme, longtemps réprouvé et clandestin, s’affiche désormais dans les milieux des courtisanes, des comédiennes, des intellectuelles de cette France de la fin du XIXème siècle.
    
    A vrai dire, si elles affichaient leur attirance pour les femmes, Liane de Pougy, comme Colette, étaient bisexuelles. Nous allons cette fois raconter la vie de femmes qui s’affichent, s’affirment comme lesbiennes et dont nous avons déjà parlées, à propos tant de Colette que de Liane de Pougy. Il s’agit de :
    
    • Mathilde de Morny, dite Missy (1863-1944), dont Colette fut la compagne, on peut dire la femme
    
    • Natalie Clifford Barney (1876-1972), le grand amour de Liane de Pougy
    
    • Renée Vivien (1877-1909), la plus grande poétesse du saphisme depuis Sappho.
    
    Chapitre 1er : MISSY L’EXTRAVAGANTE
    
    Mathilde de Morny, dite « Missy », «Oncle Max», «Max» ou encore «Monsieur le Marquis», est une célébrité du Paris de la Belle Époque. À la fois personnalité mondaine et artiste, elle se fait remarquer par sa conduite jugée à l'époque comme extravagante. Elle affiche ouvertement ses préférences sexuelles pour les femmes et entretient notamment une relation ...
    ... originale et tapageuse avec Colette. À cette époque où les amours féminines étaient relativement acceptées, elle est pourtant attaquée avec acharnement, surtout en raison de son attitude « virile ». Le port du pantalon par une femme pouvait scandaliser à une période où il n'était permis qu'après l'autorisation des autorités compétentes.
    
    Dernière fille du duc de Morny et de son épouse, la princesse Sophie Troubetzkoï, elle était par « la main gauche » arrière petite-fille de Talleyrand et petite-fille de la reine Hortense (voir « Histoire des libertines (46) : la reine Hortense », paru le 12 novembre 2019).
    
    Elle fut élevée par le duc de Sesto, grand d'Espagne, second mari de sa mère, tuteur d'Alphonse XII et gouverneur de Madrid. Le duc partait à la chasse dans la campagne de Castille, et la jeune Mathilde l'y suivait, ce qui enchantait son beau-père, qui aimait parler avec elle, lui prodiguant le premier bonheur. Elle montait bien à cheval, elle aimait le flamenco et la corrida. Elle découvrit l'Andalousie, Tanger, où elle conviait des amies. Elle s'intéressa à une jeune servante qui souffrait d'une maladie. Elle la chercha dans le palais, finit par la trouver, couchée dans un cagibi, s'assit près d'elle, caressa sa peau, l'embrassa. Ce fut sa découverte de l’homosexualité.
    
    Mariée à dix-huit ans à Jacques, marquis de Belbeuf, elle s'en sépara rapidement, affichant ses préférences pour les femmes. Le Marquis la laisse libre de poursuivre ses relations féminines. Mathilde ...
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