Histoire des libertines (54) : le saphisme au temps de la Belle Epoque
Datte: 09/04/2021,
Catégories:
Entre-nous,
Les femmes,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... à l'École des ruches, un internat fondé par la féministe Marie Souvestre. Devenue adulte, Natalie parle français couramment et sans accent. Elle décide de rester à Paris, et presque toutes ses œuvres publiées seront écrites en français.
DECOUVERTE DU SAPHISME : LIANE DE POUGY
À douze ans, Natalie se rend compte qu'elle est homosexuelle, que ce sont les femmes qu'elle aime. Elle prend alors la résolution de « vivre au grand jour, sans cacher quoi que ce fût ».
La jeune femme, séductrice en herbe, est attirée par la réputation de la Ville Lumière et la liberté des mœurs qui y règne plus qu’ailleurs. Natalie abandonne donc très vite ses petites amours d’adolescente pour se consacrer à son futur rôle d’amazone et assumer son homosexualité.
En 1899, après avoir vu à Paris la danseuse Liane de Pougy à un spectacle de music-hall, elle se présente chez celle-ci en costume de page et fait annoncer un « page de l'amour », envoyé par Sappho. Obstinée, Natalie poursuit la courtisane avec assiduité et en fait finalement la difficile conquête.
Liane de Pougy, courtisée par les hommes les plus riches et les plus titrés, est l'une des grandes « horizontales » les plus célèbres de Paris mais elle se laisse toucher par la témérité de la jeune femme. La cocotte se prend d'une passion très vive pour la jeune Américaine à la blondeur argentée, qu'elle surnomme « moonbeam » (rayon de lune).
Voici ce que Natalie écrit à son amante : « Nous nous retrouverons à Lesbos, et quand le ...
... jour s’éteindra, nous irons sous bois pour perdre les chemins conduisant à ce siècle. Je veux nous imaginer dans cette île enchantée d’immortelles. Je la vois si belle. Viens, je te décrirai ces frêles couples d’amoureuses, et nous oublierons, loin des villes et des vacarmes, tout ce qui n’est pas la Morale de la Beauté. »
Leur liaison est orageuse : en effet, à vingt-deux ans, Natalie subit encore quelques contraintes imposées par ses parents et est peu encline à la fidélité, tandis que Liane doit vaquer à ses devoirs de courtisane et de danseuse. Chacune fait l’expérience de la jalousie, car, si Liane est fort prisée des hommes du monde, Natalie est, de son côté, une jeune fille à la mode dans le Paris lesbien de 1900.
Les deux femmes vivent durant quelques mois un amour passionné, mais Natalie, peu encline à la fidélité, ne tarde pas à s'éprendre d'autres femmes, des modèles féminins qui posent pour sa mère mais surtout la poétesse Renée Vivien, qui a produit une traduction inégalée de Sappho.
Natalie évoque ces amours dans un recueil de poèmes « Quelques portraits, sonnets de femmes » illustré de dessins de sa mère et publié à compte d'auteur en 1900. Liane de Pougy, de son côté, raconte son expérience dans un roman évocateur, « Idylle saphique ». Édité en 1901, le livre alimente les conversations du Tout-Paris, et doit être réimprimé soixante dix fois la même année, alors que, Natalie voulant « sauver » Pougy de son existence de courtisane, les deux amantes ont ...